Adaptation-Performance : comment évoluer dans un monde VUCA ?

La pandémie de Covid-19 a donné à VUCA ses lettres de noblesse. Confinement, déconfinement, couvre-feu, reconfinement… On a du mal à interpréter les signes que l’on reçoit (ambiguïté), à les analyser (complexité). En supposant qu’on décide d’une interprétation, voire d’une action, il est difficile de prévoir les conséquences de celleci (uncertainty, incertitude). Et pourtant, il faut agir vite car la situation évolue rapidement (volatilité). Les entreprises et les salariés doivent plus que jamais apprendre à évoluer dans ce monde que l’on qualifie de VUCA.
11:0017/02/2021
Rédigé par FFB Nationale
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Batiment Actualité Numéro 3 | Février 2021

VUCA, de quoi parle-t-on ?

Cet acronyme est utilisé pour décrire les transformations sociétales, économiques, technologiques et environnementales auxquelles sont confrontées les entreprises, à savoir :

  • V, pour volatilité: la vitesse et la magnitude des changements s’accélèrent et s’amplifient. Les situations évoluent de manière imprévisible et extrêmement rapide. Ce qui est vrai à l’instant T ne l’est plus forcément à T+1 ;
  • U, pour incertitude (uncertainty): il est de plus en plus difficile de prévoir les événements à venir avant d’y être confronté. Il est devenu presque impossible de prédire ;
  • C, pour complexité: l’analyse et la compréhension des situations sont devenues difficiles, du fait de l’augmentation des informations et de leur interdépendance, mais aussi justement par les aspects de volatilité et d’incertitude. L’expérience ne suffit plus, l’apprentissage se fait a posteriori ;
  • A, pour ambiguïté : il n’y a plus de rapport évident entre les causes et leurs effets. Au même moment peuvent se produire tout et son contraire, ce qui génère des paradoxes et des contradictions.

Sans créativité et ouverture d'esprit, les entreprises n'auraient pas pu aussi rapidement face à la crise liée au covid-19.
Plus que jamais, l'ingéniosité humaine est nécessaire pour inventer et imaginer de nouveaux produits, services et modes de travail.

Évoluer dans un monde VUCA, pourquoi est-ce difficile ?

Avec la pandémie de Covid-19, les cartes sont rebattues : ce que nous croyions jusqu’ici intangible et immuable se révèle aujourd’hui fragile, et ce que nous pensions maîtriser nous échappe.

Lorsque la seule certitude est l’incertitude, qu’il s’agisse d’environnement personnel ou professionnel, nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à avancer : pour cela, apprivoiser nos craintes et développer notre adaptabilité est essentiel.

 

À nouveau monde, nouvelles aptitudes

Le management traditionnel est devenu inadapté au monde VUCA, puisque ses fondements consistent à définir une stratégie à moyen ou long terme (illusoire du fait de la volatilité), à maîtriser les risques (incompatible avec l’incertitude), à confier les décisions à l’autorité hiérarchique(risqué compte tenu de la complexité) et à raisonner de manière logique et cohérente (inadapté à l’ambiguïté).

C’est la raison pour laquelle les entreprises doivent :

  • devenir plus agiles, proactives et orientées solutions pour s’adapter plus facilement à la volatilité ;
  • être attentives aux signaux faibles (signes avant-coureurs d’un futur changement de tendance ou d’un événement important) et se montrer plus audacieuses, pour que l’incertitude ne soit plus une crainte ;
  • miser sur l’intelligence collective, relier les réseaux d’expertise et mutualiser la diversité des talents, pour épouser la complexité;
  • privilégier une logique d’expérimentation et d’apprentissage face à l’ambiguïté (on tente, on mesure les résultats, on ajuste).

La survie des entreprises repose donc principalement sur le potentiel humain, et plus particulièrement sur notre capacité à nous adapter à cette situation inédite qui risque de durer.

Évoluer avec efficacité dans un monde VUCA nécessite de mobiliser et valoriser des aptitudes qui ne sont pas des compétences techniques, mais des aptitudes propres à l’être humain (qualités sociales et émotionnelles) qui complètent les hard skills (les savoir-faire).

On désigne ces aptitudes sous le terme de soft skills (ou compétences douces).

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises qualités humaines, ni des soft skills meilleures que d’autres. Ces aptitudes sont reliées entre elles, comme une constellation.

Si les compétences purement techniques constituent les fondations d'une équipe de travail efficace, les soft skills en sont le ciment.

Quelles sont ces soft skills très utiles dans le monde d’aujourd’hui?

Aptitudes cognitives

  • Ouverture d’esprit : prendre en compte les signaux faibles, s’émanciper des habitudes et des certitudes pour s’ouvrir à la nouveauté (complexité) ;
  • Créativité : imaginer de nouvelles choses (idées, offres, dispositifs…), innover dans un cadre contraint (ambiguïté) ;
  • Esprit critique : aborder les situations en toute impartialité, faire preuve d’objectivité dans la réflexion, mettre à l’épreuve les idées et les solutions (ambiguïté);
  • Résolution de problèmes complexes: trouver des solutions aux nouveaux problèmes sans pouvoir s’appuyer sur un cadre de référence existant ou connu(complexité).



Aptitudes émotionnelles

  • Authenticité : nouer et maintenir des relations saines et transparentes, aborder toutes sortes de sujets sans craindre d’altérer la relation (complexité) ;
  • Empathie : comprendre les autres, leurs points de vue, leurs ressentis de manière à les prendre en considération dans la relation et la réflexion (complexité) ;
  • Relativisme : se dissocier émotionnellement de manière à ne pas être influencé par les ressentis négatifs et rester serein, quelles que soient les circonstances(volatilité) ;
  • résilience : bien vivre les échecs, en tirer les enseignements pour pouvoir rebondir, et rester dans une dynamique positive et constructive (ambiguïté)



Aptitudes relationnelles

  • Assertivité : s’affirmer, exprimer ce que l’on ressent ou pense, que ce soit plaisant ou déplaisant, dans le respect de soi et des autres (incertitude) ;
  • Coopération : préserver le « nous », valoriser les différences, partager ses compétences pour avancer vers un but commun (complexité) ;
  • Serviabilité : soutenir et faire progresser les autres, préserver la solidarité, l’entraide et la convivialité (incertitude) ;
  • Influence : transmettre de l’énergie, maintenir l’enthousiasme, faciliter l’adhésion et l’engagement(incertitude).



Aptitudes situationnelles

  • Vision : construire le futur, faire preuve de proactivité, s’autoriser à expérimenter de nouvelles choses sans attendre (incertitude) ;
  • Originalité : se différencier, surprendre par sa singularité, créer de nouvelles valeurs (incertitude) ;
  • Débrouillardise : composer avec la complexité, les contraintes, les moyens disponibles, faire plus avec moins, trouver des solutions réalistes (ambiguïté) ;
  • Adaptation : ajuster son action, composer avec l’imprévu, faire preuve d’agilité et de souplesse de manière à continuer d’évoluer dans un environnement mouvant(volatilité). 
  •  

Aptitudes dynamiques

  • Esprit d’entreprendre : se mettre en mouvement, impulser des changements, maintenir une dynamique positive et constructive (incertitude) ;
  • Goût du défi : relever des défis, se dépasser, voire se surpasser notamment face à des situations difficiles (incertitude) ;
  • Audace : oser expérimenter de nouvelles choses, accomplir des actions qui semblent difficiles, prendre des risques, alors que cela semble impossible (incertitude) ;
  • Persévérance : poursuivre la concrétisation d’une idée ou d’une action malgré les difficultés rencontrées, garder le cap quelles que soient les circonstances(ambiguïté).
Si la crise déstabilise et malmène les entreprises, elle est aussi une formidable opportunité de valoriser autrement leur « capital humain », de mobiliser toutes ces aptitudes au-delà des approches classiques de management des compétences.

 

Nous pouvons être fiers collectivement d’avoir tenu le choc d’une année 2020 improbable, d’une année sans repères. Aucun licenciement massif dans notre secteur, aucune mise sur le carreau des apprentis : les artisans et les entrepreneurs du bâtiment ont fait preuve, une fois encore, d’une capacité d’adaptation exemplaire. Et ce, quel que soit la taille de l’entreprise, son métier et le territoire où elle se situe !

Olivier Salleron, président de la FFB

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