La procrastination, ou l'art de remettre les choses au lendemain
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Entretient avec Ingrid Wolf
Cogérante de la société Yosadi.
Consultante, formatrice auprès de dirigeants de TPE/PME.
Le procrastinateur trouve souvent le temps de faire mille et une choses, alors qu’il n’en a pas pour ce qu’il reporte !
Malheureusement, ce qui est reporté reste dans le même état : À FAIRE !
Le procrastinateur a par ailleurs tendance à commencer un travail, quel qu'il soit, par les tâches agréables, gardant le plus pénible pour la fin.
Enfin, l'écart entre l'intention et l'action (« j'ai beau essayer et le vouloir, je n'arrive pas à m'y mettre »)est plus important chez lui.
Qu'il s'agisse de repousser le moment de faire une course ou de remplir le plus ennuyeux des documents administratifs, tout le monde procrastine !
Les causes sont multiples :
- la peur de ne pas réussir ou de décevoir (rédiger ce bilan est fastidieux, rappeler ce client qui était furieux, annoncer au commercial qu'il n'est pas à la hauteur...). Cette peur tourne autour d'émotions désagréables que l'on s'évite... un temps ;
- la lassitude face aux tâches routinières ;
- le manque de motivation : ne pas avoir envie de faire tout simplement, etc.
Que faire pour aller de l'avant?
Une manière de remédier à la procrastination est d'augmenter l'espoir de réaliser la tâche en question avec succès (espoir de réussite).
Lorsque la tâche à réaliser est complexe ou que l'objectif a une échéance à moyen ou long terme, il est nécessaire de passer par une phase de clarification : l'objectif que vous vous fixez doit être réaliste et réalisable.
Il doit être formulé de manière claire et précise : s'il est trop vague ou général, vous devrez le redéfinir ou le subdiviser en plusieurs sous-objectifs.
Oser passer à l'action n'est pas toujours simple. Il est donc préférable de décomposer les différentes actions à mener en actions accessibles, prenant moins de temps et soulevant moins de difficultés quand elles sont traitées les unes après les autres.
Le plus dur, c’est toujours de commencer !
À force de procrastiner, on finit par ne plus penser qu’aux tâches qu’il reste à effectuer et qui s’accumulent.
Sans le vouloir, on se coupe ainsi de ce qui pourrait nous ressourcer et recharger nos batteries.
- Si une tâche vous apparaît désagréable, associez-la à du positif ;
- rappelez-vous qu’on a tendance à amplifier l’estimation du temps nécessaire pour accomplir une tâche déplaisante (la montagne paraît souvent plus haute et compliquée à gravir qu’elle ne l’est réellement) ;
- pensez au soulagement ressenti lorsqu’une tâche est terminée ;
- prévoyez une récompense après cette corvée ;
- entretenez un discours intérieur encourageant et évitez toute forme de blâme ;
- rappelez-vous que la peur et les effets de la procrastination sont généralement plus désagréables que ce qui est redouté ;
- déterminez vos propres critères de réussite ;
- enfin, acceptez la non-motivation sans vous blâmer !
Cela vous permettra également d'obtenir une réelle satisfaction à chaque fois qu'un sous-objectif sera rempli.
Tout comme vous aurez découpé la tâche à réaliser en plusieurs tranches d'objectifs, il est utile de découper le temps en périodes assez brèves (un quart d'heure, une demi-heure). L'idée ici est de se dire « je m'y mets », mais seulement pour une durée limitée.
Et, comme il est fort probable que votre concentration sera difficile à maintenir, si la tâche à réaliser n'est pas très plaisante ou demande un gros effort de réflexion ou d'attention, protégez-vous de toutes les tentations et sollicitations extérieures.
Enfin, si vous vous apercevez que l'objectif à atteindre n'est pas vraiment de votre compétence, posez-vous les questions « qui peut m'aider à le faire?? » ou« qui peut le faire à ma place?? » et si vous le pouvez, déléguez-le à celui qui saura l'accomplir avec succès. Le dialogue avec d'autres peut être constructif.
N'hésitez pas à vous lancer de temps en temps de petits défis personnels pour accroître votre capacité à passer à l'action.
Par l'action, vous renforcez progressivement votre confiance en vous. Vous réalisez concrètement ce que vous êtes capable de faire. Vous identifiez les difficultés que vous êtes en mesure de surmonter. Et si tout ne se passe pas comme prévu, ce n'est pas grave !
Vous aurez toujours l'occasion de revenir sur certaines actions et de les améliorer par la suite.
Il ne sert à rien de planifier, de s'organiser, d'avoir des objectifs, si à un moment donné vous ne décidez pas de sortir de votre zone de confort ou d'inconfort pour passer à l'action.
Il y a toujours une bonne raison pour laquelle nous ne faisons pas une chose. Accepter et décider de la clarifier permet de trouver les bonnes solutions pour passer à l'action, seul ou en équipe.
Action aujourd'hui = résultats demain !
Vous avez désormais toutes les clés en main, à vous de jouer !
J'arrête de tout remettre à plus tard !
Je me prépare à agir...
Quelle est la finalité de ce que j'ai à faire, à quoi cela sert-il ?
Prenez le temps d'analyser le rapport coût/bénéfices entre le fait d'effectuer la tâche cible et le fait de faire autre chose.
Quelle est la première action à effectuer ? Savoir exactement ce qu'il faut faire en premier, c'est déjà mettre le pied à l'étrier.
Définissez le lieu de cette première action pour être sûr d'être au bon endroit le jour J.
Préparez la veille tous les éléments dont vous aurez besoin pour accomplir votre tâche.
Préparez l'endroit où vous avez l'intention de vous installer : les distractions devront être réduites (téléphone, e-mails, visite impromptue...). Avertissez votre entourage que vous ne souhaitez pas être dérangé le lendemain.
Découpez la tâche en sous-tâches avec des sous-objectifs pour augmenter votre motivation et mettez en place des échéances à court terme. Cela permet également de planifier votre travail.
Je suis dans l'action...
Démarrez au moment de la journée où vous pensez être le plus efficace.
Faites participer les autres : vous ne savez pas comment exécuter une tâche ? Demandez de l'aide à un membre de votre famille, à un collègue en qui vous avez confiance ou à un ami. Le simple fait de demander à une personne de réviser un projet à une date précise vous force à le réaliser.
Utilisez les starters : déterminez ce qui peut vous aider à vous mettre à la tâche (quelle sous-tâche vous rebute le moins, par exemple) et commencez par là.
Aménagez-vous des récompenses régulières pour être plus dans l'immédiateté et vous motiver.
Évaluez combien de temps cette tâche vous a demandé finalement. Cela vous permettra de l'apprivoiser et d'en tenir compte pour une prochaine fois.
Soyez fier de vous, car à ce stade vous avez surmonté vos blocages !
Et pour l'avenir ?
Si cela peut vous aider, mettez en place des « routines », d'abord modestement (faire une sous-tâche courte tous les matins tant de jours par semaine) et capitalisez là-dessus au fur et à mesure.
Prenez des engagements auprès d'autres personnes : le fait de dire que l'on va faire quelque chose à tel ou tel moment à des personnes est déjà une manière de s'engager.
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