Régime simplifié de la microentreprise - qu’en est-il de la sous-traitance ?

Comme avec toute entreprise, le recours à un artisan en régime simplifié au titre d’un contrat de sous-traitance est possible, mais certaines règles doivent être respectées.
8:2815/03/2024
Rédigé par FFB Nationale

Obligations à respecter en cas de sous traitance à un microentrepreneur

 

Recourir à un artisan en régime simplifié (microentrepreneur) dans le cadre d’un contrat de sous-traitance est possible. Comme pour toute opération de sous-traitance, il s’agit de confier à une autre entreprise l’exécution d’une partie des travaux prévus au marché avec le client. Mais le recours à un microentrepreneur pour ce type de contrat est scrupuleusement surveillé par les organismes sociaux de contrôle. Vous devez donc être vigilant et respecter les règles propres à la sous-traitance :

 

  • un contrat écrit précisant à l’avance les tâches confiées au sous-traitant ;
  • le prix de ces travaux fixé forfaitairement et non en fonction du nombre d’heures effectuées ou du temps passé ;
  • les moyens nécessaires à l’exécution de ces tâches sont à la charge du sous-traitant, mais il est permis de lui fournir les matériaux ou équipements à poser (sous-traitance de pose) ;
  • l’entrepreneur principal est responsable de la bonne exécution des travaux par son sous-traitant, mais il doit le laisser agir en toute indépendance ; le sous-traitant doit conserver l’initiative de ses décisions, la gestion de son activité et la direction de son personnel éventuel 1;
  • Enfin, l’entrepreneur principal doit déclarer son sous-traitant au maître d’ouvrage (le client), conformément à la loi du 31 décembre 1975 relative à la sous-traitance 2. Pour éviter toute situation de dépendance économique, il est important que le sous-traitant ait plusieurs clients.

 

Vous devez vérifier que le microentrepreneur est à jour de ses obligations fiscales et sociales. Pour tout contrat d’au moins 5.000 € hors taxes, il faut impérativement demander la remise d’une attestation de vigilance dont la validité et l’authenticité doivent être vérifiées (validité de six mois). Même une entreprise nouvelle peut présenter cette attestation Urssaf sous la forme d’une attestation provisoire.

 

Vous devez aussi vérifier que le sous-traitant en régime simplifié :

 

  • est immatriculé au registre national des entreprises (ex-répertoire des métiers) ;
  • a procédé à ses déclarations auprès des organismes sociaux et fiscaux.

 

Seule la communication de ces documents permet au donneur d’ordre de respecter son obligation de vigilance. La remise de tout autre document par le sous-traitant n’a pas pour effet de justifier du respect de son obligation de contrôle par le donneur d’ordre.

 

Quels sont les risques en cas de sous traitance à un microentrepreneur ?

 


Le risque principal est la requalification du lien contractuel en contrat de travail. Cela est valable même lorsque l’artisan est immatriculé au registre national des entreprises, dès lors qu’il se trouve dans une situation de subordination juridique. L’existence d’un contrat de travail peut, en effet, être établie lorsque la prestation de l’artisan, notamment en microentreprise, est exécutée dans des conditions caractérisant un lien de subordination juridique avec le donneur d’ordre (exclusivité de l’activité, respect des horaires et des consignes du donneur d’ordre, facturation à l’heure ou au jour, intégration dans l’équipe de salariés du donneur d’ordre…).

 

Cette requalification peut entraîner au pénal la reconnaissance d’une infraction pour travail dissimulé (jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45.000 € d’amende) et, ce faisant, l’obligation de verser les cotisations et contributions sociales calculées sur les sommes versées au titre de la prestation du microentrepreneur sous-traitant.

 

Lorsque les faits sont commis à l’égard de plusieurs faux sous-traitants, les peines sont de cinq ans d’emprisonnement et 75.000 € d’amende. Des sanctions administratives sont aussi possibles ainsi que l’annulation de certaines réductions ou exonérations de cotisations sociales dont a pu bénéficier le donneur d’ordre au titre des rémunérations qu’il a versées à ses salariés.

 

À noter

 

L’artisan en régime simplifié peut aussi faire appel à un sous-traitant. À ce titre, il doit respecter les obligations énumérées plus haut et encourt les mêmes risques. Cette sous-traitance n’est pas avantageuse pour le microentrepreneur, car il ne peut pas déduire les sommes versées à son sous-traitant de ses charges.

 

Attention ! L’Urssaf a décidé de renforcer le contrôle du travail dissimulé et a prévu de recruter 240 contrôleurs supplémentaires d’ici à 2027.

 

Les artisans, qu’ils soient en régime de droit commun ou en microentreprise, sont soumis aux mêmes obligations et aux mêmes sanctions en matière de sous-traitance.

 

  1. Cf. « Sous-traitance de pose : une pratique légale », Bâtiment actualité n° 12 du 29 juin 2022.
  2. Cf. ffbatiment.fr > Gérer mon entreprise > Passer et exécuter un marché > Sous-traitance > Sous-traitance : le champ d’application de la loi de 1975.

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