L'acquisition des congés payés
Le congé annuel
Tout salarié acquiert 2,5 jours ouvrables de congés payés par mois de travail effectif pendant la période annuelle, qui court du 1er avril (année n) au 31 mars (année n + 1). Cette période de référence est propre au bâtiment 2.
Par jour ouvrable, on entend tous les jours de la semaine, sauf les dimanches et les jours fériés.
Sont assimilés à un mois de travail les périodes équivalentes à 4 semaines ou 24 jours ou, pour les ouvriers, 150 heures de travail.
Sur la période de référence, un salarié ne peut totaliser pour son congé annuel plus de 30 jours ouvrables de congé, soit 5 semaines de 6 jours ouvrables (comptant chacune un samedi).
Congés supplémentaires
En plus de son congé annuel, le salarié peut bénéficier de 1 à 2 jours pour fractionnement de son congé principal, selon certaines conditions posées par la loi 3 (voir plus loin).
Par ailleurs, les ETAM et les cadres peuvent prétendre à des jours supplémentaires de congé au titre de l'ancienneté 4 :
- 2 jours s'ils ont plus de 5 et moins de 10 ans de présence dans l'entreprise ou plus de 10 mais moins de 20 ans dans le BTP?;
- 3 jours s'ils ont plus de 10 ans de présence dans l'entreprise ou plus de 20 ans dans le BTP.
Pour l’acquisition des droits à congé, la période de référence propre au bâtiment est du 1er avril au 31 mars de l’année suivante.
Au titre de l'ancienneté, les ouvriers ne bénéficient pas de jours de congé, mais d'une compensation financière versée par la caisse des congés payés 5, soit une indemnité équivalente à :
- 2 jours de congé pour 20 ans de service, continu ou non, dans la même entreprise?;
- 4 jours pour 25 ans?;
- 6 jours pour 30 ans.
-
La prise de congés payés
Fixation par l'employeur des dates de congés payés
Les congés peuvent être pris par fermeture de l'entreprise ou par roulement, c'est-à-dire que tous les salariés ne partent pas aux mêmes dates.
Ces dates sont déterminées par l'employeur, après avis, le cas échéant, des délégués du personnel, à l'intérieur de la période de prise des congés payés, qui court du 1er mai (année n) au 30 avril (année n + 1).
Pour fixer l'ordre des départs, l'employeur tient compte :
- de la situation de famille des bénéficiaires, notamment des possibilités de congé, dans le secteur public ou privé, du conjoint ou du partenaire lié par un PACS. Depuis la loi travail, il doit aussi prendre en considération la présence au sein du foyer d'un enfant, ou d'un adulte handicapé, ou d'une personne âgée en perte d'autonomie?;
- de la durée de leur service chez l'employeur?;
- le cas échéant, de leur activité chez un ou plusieurs autres employeurs?;
- « dans toute la mesure du possible, du désir des intéressés, qui devra être porté à la connaissance de l'employeur en temps utile » (convention ouvriers 6)?;
- « de l'avis des intéressés, des nécessités du service, de la situation des enfants scolarisés et de celle des familles dont plusieurs membres travaillent dans la même entreprise » (ETAM et cadres 7).
Les dates sont communiquées par l'employeur au moins deux mois avant le départ en congé.
Les dates de départ sont communiquées aux salariés :
- « dès que possible » (convention ouvriers) ou « si possible avant le 1er avril » (ETAM et cadres) 8?;
- et, en tout état de cause, au moins deux mois avant leur départ.
Dans ce délai de deux mois, l'employeur peut, le cas échéant, modifier les dates de congé en cas de circonstances exceptionnelles (strictement appréciées par les tribunaux).
Qu'est-ce que le fractionnement ?
Lorsque le congé acquis sur l'année ne dépasse pas deux semaines (12 jours ouvrables), il doit être accordé en continu.
Si le congé dépasse deux semaines, il peut être fractionné par l'employeur au-delà de cette durée, dans la limite de 4 semaines (24 jours ouvrables) au total.
Lorsque les congés sont pris « par roulement » (sans fermeture de l'entreprise), le fractionnement du congé par l'employeur nécessite l'accord du salarié.
En revanche, lorsque le fractionnement du congé principal s'accompagne de la fermeture de l'entreprise, l'employeur n'est plus tenu de recueillir l'avis conforme des délégués du personnel ni, en l'absence de délégués, l'agrément des salariés.
Les délégués du personnel continuent d'être consultés, mais leur avis est consultatif 9.
En cas de fractionnement, les deux premières semaines doivent être accordées en continu pendant la période du 1er mai au 31 octobre.
Exemple : 3 semaines en août et 1 semaine en décembre?; ou 2 semaines en août, 2 semaines en décembre?; ou 2 semaines en août, 1 semaine en décembre et 1 semaine en février de l'année n + 1, etc.
Le fractionnement ne concerne que les 4 premières semaines, la 5e semaine obéissant à d'autres règles (voir ci-après).
Le fractionnement du congé principal (c'est-à-dire des 4 premières semaines) ouvre droit pour les salariés à :
- 2 jours ouvrables de congé supplémentaire lorsque le nombre de jours de congé pris en dehors de la période du 1er mai au 31 octobre est au moins égal à 6?;
- 1 seul jour lorsque ce nombre est compris entre 3 et 5 jours 10.
La 5e semaine de congés payés
La durée des congés pouvant être pris en une seule fois ne peut excéder 24 jours ouvrables.
Il en résulte que si le congé principal (4 semaines) peut être continu, la 5e semaine et, plus généralement, tous les jours excédant 24 jours ouvrables doivent être pris séparément du congé principal.
Il ne peut être dérogé à cette règle que pour les salariés justifiant de contraintes géographiques particulières (travailleurs étrangers et originaires des DOM principalement) ou, depuis la loi travail, de la présence d'un enfant, ou d'un adulte handicapé, ou d'une personne âgée en perte d'autonomie au sein du foyer 11. Ceux-ci peuvent prendre tous leurs congés (5 semaines) d'affilée, sous réserve de l'accord de l'employeur.
La 5e semaine de congé est prise selon des modalités fixées par accord entre l'employeur et les représentants du personnel ou, à défaut, les salariés.
Elle peut être prise sous forme de cinq jours séparés, en cours d'année, ou en une seule fois.
À défaut d'accord, la 5e semaine de congé est prise en une seule fois pendant la période du 1er novembre (année n) :
- au 31 mars (année n + 1), pour les ouvriers 12?;
- au 30 avril (année n + 1), pour les ETAM et les cadres 13.
Le fractionnement de la 5e semaine n'ouvre droit à aucun jour de congé supplémentaire pour les salariés.
Dans le bâtiment, les salariés perçoivent une prime de vacances équivalente, pour un congé complet de 30 jours ouvrables, à 30 % de l'indemnité correspondant à 24 jours ouvrables de congé. Le versement de cette prime par la caisse des congés payés est subordonné à une condition de présence dans le secteur du BTP au cours de l'année de référence :
- 1 675 heures pour les ouvriers (pour une durée de travail de 39 heures)?;
- 6 mois de présence pour les ETAM et les cadres.
1
Loi 2016-1088 du 8 août 2016.
2
Articles 5.1 CCN ETAM du 12/07/2006 et 4.1 CCN cadres du 01/06/2004.
Dans les autres secteurs, cette période peut être fixée par accord d'entreprise. À défaut, elle court du 1er juin au 30 mai.
3
Article L. 3141-19 Code du travail.
4
Article 5.1.1 CCN ETAM et 4.1.1 CCN cadres. L'ancienneté est appréciée à la fin de la période de référence.
5
Article V-24 CCN ouvriers.
6
Article V-21 CCN ouvriers.
7
Articles 5.1.3 CCN ETAM et 4.1.3 CCN cadres.
8
Article V-21 CCN ouvriers - Articles 5.1.3 CCN ETAM et 4.1.3 CCN cadres.
9
La disposition de la CCN des ouvriers reprenant cette ancienne exigence n'aurait, désormais, plus d'objet.
10
Selon les articles 5.1.3 de la CCN ETAM et 4.1.3 de la CCN cadres, en cas de fractionnement à l'initiative de l'employeur, les salariés perçoivent une compensation de leurs frais supplémentaires de route sous la forme d'une indemnité égale à 8/100 des appointements mensuels.
11
Article L. 3141-17 Code du travail.
12
Article V-26 CCN ouvriers.
13
Articles 5.1 CCN ETAM et 4.1 CCN cadres.