Qu'est-ce que le recrutement boomerang ?
Ce terme américain désigne le fait de réembaucher un collaborateur qui a déjà travaillé dans l'entreprise. Très courant dans les pays anglo-saxons, ce mouvement arrive en France et colle bien à notre époque.L'heure est au changement, tous azimuts. Les carrières se diversifient, les reconversions sont légion. On n'hésite pas à reprendre des études, à changer de métier, alors d'employeur, quelle question?!
Parfois, on va voir ailleurs, et puis on revient : c'est l'effet boomerang.Cette mobilité est perçue comme un risque par les entreprises, mais elle peut être aussi un avantage, notamment dans le cas d'un recrutement boomerang.
Revenir dans une organisation quelques mois ou années après en être parti peut susciter de l'étonnement, voire de la méfiance.
Le salarié ne revient-il pas par défaut?? Du côté du salarié, la démarche n'est pas nécessairement évidente : il semble, a priori, contre-intuitif de revenir sur un ancien lieu de travail une fois que la page a été tournée.
Mais avec du recul, l'embauche de ces salariés constitue une chance à la fois pour l'employeur et pour l'employé.
En quoi réembaucher un ancien salarié est-il un avantage ?
Lors d'un recrutement, le choix du meilleur profil influe non seulement sur la performance, mais également sur la productivité de la société. Cette recherche, bien qu'indispensable, demande du temps et coûte généralement cher à l'entreprise.
Et si les avantages de l'externalisation de recrutement ont depuis longtemps séduit les responsables des RH, la réembauche d'un ancien collaborateur est également une solution, aujourd'hui des plus intéressante.
Plus besoin de procéder au sourcing 1, ou à l'analyse de profil, aux formations et autres procédures d'intégration, le collaborateur est connu et est plus rapidement opérationnel.
Dans un contexte d'embauche tendu, un ancien employé limite les risques de recrutement raté.
Il part, il revient... la définition d'un employé boomerang
Un prérequis : les parties se sont séparées à l'amiable. Sans quoi on imagine mal des retrouvailles.Votre salarié avait peut-être simplement envie ou besoin de changer d'air, de se renouveler, de se consacrer à un projet personnel.
S'il vous revient ensuite, c'est tout bénéfice : il aura mûri, satisfait une envie, suivi une formation, expérimenté un poste dans une entreprise pourquoi pas concurrente, avant de réaliser qu'il ne se sentait, en fin de compte, pas si mal dans la vôtre. Il aura ainsi retrouvé une nouvelle motivation à l'idée de travailler pour vous. Avec des compétences en plus?! Il revient donc (presque) comme neuf.
Or un nouveau collaborateur, c'est l'assurance d'une forte envie de s'engager, mais aussi un temps d'adaptation nécessaire. Alors que pour l'ex-employé de retour, tout est plus simple. Il connaît déjà l'environnement de l'entreprise, ses valeurs, ses méthodes, ses métiers, ses équipes - autant de temps et d'argent gagnés pour l'employeur. Mais aussi pour le collaborateur, qui se réinsère plus facilement.
Et puis, le salarié « boomerang » témoigne d'un attachement certain envers la culture et les pratiques de l'entreprise. C'est flatteur pour l'employeur qui se verra préférer à un concurrent.
Cela est également bénéfique à la « marque employeur »?!
Deux salariés ont quitté l'entreprise pour voir ce qui se passait ailleurs.
Le premier est revenu toquer à ma porte au bout de trois ans et le second après sept ans. Finalement, ils se sont rendu compte qu'ils étaient bien dans mon entreprise. Et je les ai repris. Pourquoi ? Parce que durant cette période, ils ont acquis d'autres compétences intéressantes pour l'entreprise. Comme quoi, laisser partir ses compagnons peut être profitable aux uns comme aux autres. La preuve, les deux travaillent toujours dans mon entreprise.
Philippe Plantin
Société Plantin Bâtiment
Extrait du supplémentBâtiment actualité n° 21 encarté avec ce numéro « Comment réussir à recruter ? »
Quelle est l'ampleur du phénomène de recrutement boomerang?
Les résultats d'une étude américaine 1 sont révélateurs :
- 76 % des responsables des RH interrogés se déclarent plus disposés à recruter d'anciens employés.
- 15 % des employés sont déjà retournés chez un ancien employeur.
- 40 % envisagent de le faire.
Ces cinq dernières années,
85 % des professionnels des RH ont reçu des candidatures d'anciens salariés et
40 % d'entre eux ont donné suite à la moitié de ces demandes de recrutement.
1
Étude réalisée par Kronos et Workplace Trends. Plus de 1 800 professionnels des RH ont été interrogés.
1
Le sourcing en recrutement concerne toute activité de recherche, d'identification et d'engagement des personnes.