L’air est sans contestation possible le meilleur isolant naturel. Cette propriété explique en grande partie tout l’attrait présenté par le polystyrène expansé (PSE), composé à 98 % d’air. Ce matériau est largement utilisé lors de la réalisation de travaux d’isolation thermique, tant dans le neuf qu’en rénovation, et ce, quel que soit le type d’ouvrage concerné (résidentiel, tertiaire, etc.). Il présente aussi l’avantage d’être entièrement recyclable, plusieurs solutions étant proposées aux professionnels du bâtiment par les acteurs de la filière, dont les fabricants d’isolants PSE regroupés au sein de l’Association française de l’isolation en polystyrène expansé dans le bâtiment (Afipeb). De fait, cette dernière affiche clairement ses ambitions en la matière, à savoir recycler 2 500 t d’isolants PSE à l’horizon 2025, soit environ 150 000 m3.
Tout d’abord, il est important de rappeler que, depuis des années, les chaînes de production de PSE ne génèrent pas de déchets, puisque les chutes de fabrication sont réincorporées après broyage dans l’élaboration de nouveaux produits. Pour tout ce qui concerne les déchets de polystyrène expansé issus des activités de chantiers, leur recyclage s’effectue de différentes façons selon la nature même des déchets – soit provenant de la découpe de produits neufs, soit issus de la dépose d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) lors d’opérations de rénovation ou de déconstruction.
Dans le premier cas, « une filière de récupération de ces déchets directement sur les chantiers a été mise en place par nos adhérents et partenaires », informe Jean-Michel Guihaumé, délégué général de l’Afipeb. Il est toutefois indispensable que ces déchets soient propres, secs, bien triés et sans souillure. Ils pourront alors être valorisés de deux façons : soit en étant broyés puis réincorporés pour être intégrés dans la chaîne de production de PSE (filière privilégiée) ou dans de nouveaux produits (béton allégé, rembourrage de sièges, drains agricoles, etc.), soit en étant fondus et extrudés avant d’entrer dans la composition d’autres produits (plastique rigide, etc.). Des échanges et travaux sont néanmoins encore nécessaires pour que cette filière atteigne son plein développement et corresponde aux besoins des entreprises d’ITE.
Concernant les déchets d’ITE issus de bâtiments existants, une nouvelle voie de valorisation s’ouvre à eux. En 2017, dans le cadre du programme européen Life, de nombreux acteurs – dont l’Afipeb – représentant toute la chaîne de valeur du PSE ont travaillé à la mise au point d’une filière innovante de recyclage des anciens isolants PSE qui contenaient du HBCD. Ce dernier, classé polluant organique persistant depuis 2017, empêchait jusqu’alors le recyclage des isolants en contenant.
Deux ingénieurs néerlandais ont développé un processus physique de séparation du HBCD contenu dans le PSE. « Cette innovation serait la source d’une double boucle d’économie circulaire, explique Élodie Fraysse, chef de projet au sein d’Afipeb. D’une part, les recyclats obtenus seraient réutilisables pour la fabrication des matières premières du PSE ; d’autre part, l’extraction du brome contenu dans les boues résiduelles serait assurée par un partenaire. » Enfin, cette innovation suit une réelle démarche bas carbone en évitant l’émission de 47 % de CO2 par rapport à une incinération de ces déchets avec valorisation énergétique.
