Pro-Logis entre dans sa 18e année. Nous n’avons pas eu une démarche RSE tout de suite. Cela fait partie d’un apprentissage et d’un changement de perspective de la part du dirigeant qui impulse une nouvelle dynamique.
Pour moi, la RSE, c’est redonner un sens humain à la vie de l’entreprise. C’est donner au salarié des connaissances et des opportunités pour appréhender notre société.
Si l’on regarde l’organisation pyramidale d’une entreprise, le patron est placé tout en haut. Moi, lorsque je présente ma société, je me situe en bas, je suis plus le support de mes équipes.
Faire de la RSE, c’est donner un sens au travail de chacun. De plus, de nos jours, les jeunes souhaitent intégrer une entreprise avec une sensibilité écoresponsable.
Placer l’humain au centre de l’intérêt de l’entreprise…
Premier exemple, donner un coup de pouce quand c’est possible. Une salariée vient d’arriver dans notre société et, autour d’un café, me parle de ses difficultés à louer un appartement pour son couple fraîchement établi. Elle est en période d’essai et cela constitue un frein. Comme je souhaite qu’elle reste, j’appelle la direction de Foncia, par qui elle est passée, et je leur explique la situation. Elle aura finalement l’appartement. C’était quelque chose de simple à faire, et c’était placer l’humain au centre de l’intérêt de l’entreprise.
Deuxième exemple : participer à améliorer la condition physique de chacun. Une de mes jeunes alternantes m’a proposé un jeu, le « Pro-Logis Walk ». Son but : améliorer la santé des salariés. Il s’agit de constituer des équipes mixtes (bureau, chantier…), avec ceux qui veulent participer bien sûr. L’idée : on enregistre le nombre de pas effectués dans la semaine, puis on fait le total sur un mois et l’équipe qui a le plus marché gagne un lot. Clin d’œil supplémentaire, lors de la remise du lot, un tutoriel sur « le manger mieux » sera diffusé. C’est ce que nous avons mis en place en remplaçant les croissants du vendredi par une corbeille de fruits frais, achetés chez un producteur local.
Les gens se retrouvent dans des actions qui sortent du commun. Nous allons ainsi participer au financement du Tour d’Europe, en vélo à main, de Jean-Christophe Marquestaut (ancien rugbyman devenu partiellement paraplégique, il y a 10 ans). Il sera présenté dans l’entreprise, ainsi qu’un fil conducteur sur plusieurs mois. Pour aller plus loin, nous allons demander aux personnes les moins sportives de s’entraîner au vélo pendant six mois et de suivre pendant une journée, dans une capitale européenne, ce sportif hors norme.
Troisième exemple : adapter les horaires pour que chacun s’y retrouve. Il y a deux ans, j’ai mis en place le « Chrono travail ». Certes, dans le contrat, il y a des horaires, mais je ne contrôle pas les heures. Les salariés ont des horaires flexibles. Cela permet à ceux qui sont matinaux d’arriver à 7 heures et de partir à 17 heures et à ceux qui le sont un peu moins d’arriver à 9 h 30 et de partir à 19 heures. Mais, entre 9 h 30 et 17 heures, le personnel de bureau doit impérativement être présent. On responsabilise les gens, mais cela ne veut pas dire pour autant tout accepter.
Quatrième exemple : donner du sens au travail effectué. Il y a quelques années, un collaborateur supervisait quatre personnes ; chacune d’entre elles réalisait ses tâches sans savoir à quoi cela se rattachait ou à quoi cela servait. En effet, le superviseur avait tout sectorisé ; c’est ce que j’ai découvert lorsqu’il est parti. Il faut en finir avec ces méthodes d’un autre âge, il faut mettre du sens dans ce que l’on fait ! Depuis, des passerelles ont été mises en place entre chaque service, on se déplace pour demander des explications quand les choses ne sont pas claires ou quand une erreur est commise. On se parle. Car la perfection n’existe pas. L’entreprise est une somme d’individus imparfaits. Le principe n’est donc pas de chercher l’imperfection, mais de trouver là où les salariés sont bons. Il ne sert à rien de donner à quelqu’un un travail où l’on sait qu’il ne sera pas bon… au risque de faire perdre de l’argent à l’entreprise !
Donner l’envie et du sens au travail. C’est ce qui m’anime aujourd’hui.
… pour réussir ensemble !
Nous œuvrons avec différentes envies, différentes façons de travailler, alors mettons au service de la réussite de l’entreprise notre savoir, notre savoir-faire et notre savoir-être.
Pour plus de mixité, le personnel de Pro-Logis arrive de formations et d’univers différents.
L’entretien annuel des collaborateurs est un moment très important. Mais j’ai abandonné le questionnaire administratif. Durant une heure et demie, nous échangeons à bâtons rompus sur l’année écoulée, sur ce qui a bien fonctionné, ce qui n’a pas bien marché et pourquoi ; sur les besoins en formation, etc. J’ai fait former des personnes à la lecture du français, à l’orthographe, pour que les fautes diminuent ou pour que l’écriture phonétique disparaisse. Celui ou celle qui a reçu cette formation en est ressorti avec plus d’assurance, et cela lui a permis de s’intégrer différemment dans l’entreprise et dans la société. En cela, cette action est RSE.
Tous les ans, l’entreprise organise un déplacement de deux jours, soit dans une capitale européenne, soit au ski. Les salariés choisissent. Durant ce séjour, on échange librement et je m’occupe de tout… Cela change la donne et des liens se tissent.
Aujourd’hui, on parle de « Team Pro-Logis », demandé par les collaborateurs et fièrement arboré sur les vêtements de travail. Une équipe que l’on a choisie et dans laquelle on se sent bien !
Un jour, devant tout le personnel réuni en séminaire, j’ai demandé à un salarié de chantier : « C’est quoi pour toi, Pro-Logis ? » Il m’a répondu : « C’est la famille ! »
La RSE est une notion simple que avons tous plus ou moins touché du doigt… Maintenant, il faut la mettre en place et la faire vivre ensemble.
Nous aurions pu parlé de nombreuses autres actions engagées dans cette entreprise dirigée par un patron passionné, partagées par cette « famille » qui dialogue sur son compte WhatsApp qu’elle s’est créé, qui y poste des photos des week-ends, des vacances… mais la place nous a manqué !
Dernier point soulevé par Olivier Chappaz : « Tout cela ne peut fonctionner que si l’on y accorde du temps, que si l’on a un désir commun de réussite et que si l’entreprise gagne de l’argent ! »