Qu’est-ce qui caractérise votre entreprise ?
De formation ingénieur des Arts et Métiers, j’ai repris l’entreprise en 2001. Nous étions alors cinq personnes ; aujourd’hui, nous sommes une petite trentaine chez Masfer à L’Isle-sur-la-Sorgue, ville où il fait bon vivre et travailler.
L’entreprise s’est développée petit à petit par une croissance interne sur les métiers traditionnels de métallerie-ferronnerie. Nous avons ensuite ajouté quelques cordes à notre arc : la menuiserie acier parce qu’entre 2000 et 2010 cela a été le boom de la fenêtre acier à rupture thermique (isolante), puis, en 2015, la menuiserie aluminium est venue compléter la panoplie.
Nous savions déjà le faire en pose, alors nous nous sommes lancés dans la création de produits. Nous répondons aux marchés publics et aux particuliers et, depuis 2018-2019, nous œuvrons également sur des projets d’exception, donc haut de gamme, soit de très grande hauteur coulissante (24 m²) ou minimalistes, c’est-à-dire avec des faces vue (montants) ultrafines quasi invisibles.
Nous sommes capables de réaliser des menuiseries en acier isolantes aussi fines que ce qu’on faisait en 1830 et, jusqu’à présent, personne n’avait cette expertise en France. Pour l’acquérir, je me suis rendu dans trois pays, la Suisse, l’Italie et les Pays-Bas, car je savais que j’y trouverais ce savoir-faire. Nous nous sommes donc mis au défi de faire aussi bien qu’eux. Innover, c’est notre challenge quotidien.
Avec mes équipes, nous réfléchissons à répondre aux normes tout en amenant de la créativité, de l’esthétisme. L’objectif est de répondre à l’attente du client, voire, quand cela est possible, de la dépasser. Toutes ces activités nous ont conduits à agrandir nos locaux et, pour qu’ils soient totalement à notre image, nous les avons conçus nous-mêmes.
Vous avez été reconnu Maître artisan en 2022. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Avec ce titre, ce qui est important, c’est la reconnaissance de l’excellence, de la capacité de faire des ouvrages de qualité, voire exceptionnels. Il atteste aussi la capacité de transmettre ce savoir-faire.
Ce point me tient particulièrement à cœur. Il est important de former les jeunes et moins jeunes à nos métiers. Masfer a accueilli et formé, depuis toutes ces années, différents publics : des hommes et des femmes, des apprentis en fabrication, des personnes en difficulté, en réinsertion sociale et professionnelle… Cela fait partie de l’innovation de savoir changer de regard !
Vous innovez constamment. Quel est, chez Masfer, le prochain défi ?
Développer le marché de la surélévation de maison en construction métallique. Je suis convaincu que ce sera demain un véritable sujet, notamment avec le zéro artificialisation nette (ZAN) voulu par le gouvernement.
L’innovation part souvent de presque rien… Un jour, je vois sur un chantier quelqu’un qui réalise des maisons en métal à l’instar de celles en bois. Cela a déclenché chez moi l’envie de développer ce concept. Depuis 2018, nous avons cette nouvelle corde à notre arc : la construction et l’installation d’une surélévation en ossature métallique légère acier.
Elle a une excellente performance thermique et apporte moins de charge sur la structure maçonnée existante, ce qui offre des solutions là où il n’y en avait pas. Autre caractéristique, nous pouvons nous adapter facilement à l’environnement : patrimoine historique, contemporain, moderne, voire futuriste.
Pour couronner ce savoir-faire hors pair, vous avez récemment reçu le « grand prix de l’entrepreneur » aux trophées Stars et Métiers des CMA 1.
Effectivement. Chez Masfer, nous avons le goût du challenge. Nous recherchons constamment de nouvelles techniques pour réaliser des ouvrages toujours plus performants. Alors, recevoir un prix, cela fait plaisir. Mais vous savez, je ne cherche pas la gloire. Ces prix font parler de l’artisanat, quel que soit le métier exercé, et ça, c’est une très bonne chose.
Nous avons encore beaucoup de travail pour convaincre les pouvoirs publics, les élus locaux, les parents, les professeurs, les jeunes… que l’artisanat est essentiel à notre économie et à la société. Il permet de garder le contact et la proximité entre les gens, de conserver notre patrimoine culturel, nos savoir-faire parfois ancestraux. Je suis pleinement engagé dans ce combat.
Et ce n’est pas tout : dans quelques jours, vous allez recevoir la médaille d’or de la Reconnaissance artisanale.
Oui. Cela me fait grandement plaisir, car elle récompense mon engagement, mes efforts en faveur de la cause de l’artisanat et de la pérennité de ses métiers.
Je vous le disais plus tôt, ce combat me tient vraiment à cœur. Il faut soutenir l’artisanat pour garder nos savoir-faire, notre excellence à la française. Il faut porter haut les couleurs de l’artisanat. Il faut être fier d’être artisan et le faire savoir !