Entretien avec Pascal Housset
Chef d’entreprise
Réalitherm
Génie climatique (chauffage,
climatisation, ventilation)
12 salariés, 2 apprentis, Seine-et-Marne
Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées ces derniers mois avec les mesures d’urgence sanitaire et le confinement imposé ?
Notre activité est composée de plusieurs volets : nous faisons de la maintenance avec des contrats d’entretien, du dépannage et, bien sûr, de l’installation d’équipements, que ce soit en individuel, en collectif, sur des installations commerciales ou tertiaires.
Nous avons eu la chance, dans cet te situation incroyable, d’avoir à notre actif l’« agrément amiante ». Cela nous a permis, contrairement à d’autres, d’être déjà équipés de moyens de protection contre le Covid-19 (masques, combinaisons…) et de passer ces mois de confinement de manière autonome. Mais pour autant, tout n’était pas réglé.
Il nous a fallu tenir un discours pédagogique à nos salariés (comment agir et interagir lors des interventions, quelles précautions supplémentaires prendre pour eux et les autres…) et à nos clients particuliers.
Dans le marché diffus, il y a une grande part psychologique : pour les dépannages, les clients étaient en général plutôt contents de nous voir arriver, mais pour un remplacement d’équipements, par exemple, les freins étaient plus importants.
Nous avons établi un questionnaire « client » pour savoir qu’elle était la situation chez eux.
Nous avons dû rassurer, montrer que nos salariés savaient se protéger (masques, gants, combinaisons…) et les protéger (zone de confinement, demande de ne pas être dans la même pièce, distanciation obligatoire d’un mètre avec eux…), expliquer que des protocoles existaient et que nous les maîtrisions.
Une fois que l’on a pris le temps de leur expliquer, ils sont rassurés, et c’est nécessaire si l’on veut relancer l’activité. J’ai de très bons retours clients.
Des outils, fiches pratiques, charte d’engagement, sont mis à disposition par la FFB, pour aider les artisans et les entrepreneurs dans leur approche commerciale auprès des particuliers. Il ne faut pas hésiter à les utiliser. Ils sont téléchargeables sur le site de la fédération, dans l’espace adhérent.
Ces mesures sanitaires ont-elles généré pour vous un surcoût ?
Oui, bien sûr. Nous l’avons évalué, en intervention chez les particuliers, à 10 € par jour et par salarié.
Nous suivons les préconisations du guide OPPBTP, dont nous avons d’ailleurs participé à l’élaboration en donnant notre avis.
Vous avez dans vos effectifs deux apprentis. Comment les choses se sont-elles organisées pour eux ?
Nous ne pouvions pas les laisser en plan, nous avons donc tout fait pour qu’ils ne soient pas pénalisés. L’un d’entre eux est majeur, il a suivi ses cours en différé pour valider sa formation. Le second est mineur, impossible de le faire travailler sur les chantiers, alors nous avons organisé deux ateliers pour les épreuves pratiques.
Et à la rentrée de septembre,
que ferez-vous ?
Malheureusement, je ne lis pas dans une boule de cristal. Plusieurs facteurs sont en jeu : quels sera le pouvoir d’achat des clients ? Leur crainte de perdre leur emploi sera-t-elle toujours aussi forte ? Les réponses à ces questions sont cruciales parce qu’elles influent sur nos carnets de commandes et donc sur l’embauche ou non d’apprentis. Et cela, bien que l’État ait fait des annonces sur des aides possibles à l’embauche.
L’emploi et la formation des jeunes sont importants pour nos entreprises, c’est la continuité de nos métiers, c’est aussi leur avenir.
Il y aussi tout ce qui a trait aux mesures liées aux travaux de rénovation énergétique telles que le PTZ, qui est également un formidable levier pour l’activité de nos entreprises. Le gouvernement doit nous aider en ce sens et réintégrer le CITE pour tous les ménages.
Pour favoriser nos marchés et répondre aux besoins environnementaux, chez Réalitherm, nous avons mis en place, en début d’année, « Mon étiquette chaudière ». Elle indique au client la catégorie dans laquelle se situe sa chaudière en termes de consommation, A, B, C, D sur le principe des biens et équipements de consommation ou des logements énergivores.
Cela permet, lors du passage d’un technicien pour une simple visite d’entretien, de discuter avec le client sur un projet de changement, d’établir un devis pour un équipement plus économe.
Pour que l’activité reparte de façon durable, il est impératif que le gouvernement accompagne les marchés du bâtiment et nos entreprises. de notre côté, nous sommes déjà en ordre de bataille pour faire face et sauver nos emplois !