À 5 minutes du centre-ville de Saint-Cyr-sur-Mer, Var Habitat signe l'un des programmes les plus ambitieux de son histoire : 66 logements en accession à la propriété (Résidence Terra Vinea) et 99 logements sociaux (Résidence Les jardins de la Miolane) ont été livrés fin octobre.
La façade : une signature esthétique
La façade n'est plus seulement une protection ou un bouclier thermique, c'est aussi une signature visuelle. « Sur le projet de Saint-Cyr-sur-Mer, il y a eu deux niveaux de réflexion, explique Martial Aubry, directeur général de Var Habitat. D'abord une recherche de performance énergétique par les modes constructifs et l'orientation des façades, puis une réflexion sur l'esthétique du projet, son intégration au paysage et sa différenciation par rapport à d'autres programmes. » Le site choisi est en devenir. Pour installer un dialogue avec le paysage naturel environnant, l'architecte (Atelier Empreinte Architectes) a préconisé des soubassements habillés de pierres et des enduits de façades en tons beiges, en association avec des couvertures en tuiles et des volets en bois. Avec la complexité de devoir gérer deux modes constructifs différents. « Sur les deux programmes, nous voulions des rendus esthétiques identiques alors que les modes constructifs sont différents. Pour Terra Vinea nous sommes en ITE (isolation thermique par l'extérieur), pour Les Jardins de la Miolane en ITI (isolation thermique par l'intérieur) », explique Véronique Ramos, chargée de projet chez Atelier Empreinte Architectes. Au final, quatre techniques ont été mises en œuvre par l'entreprise spécialisée GFC : un enduit monocouche sur supports maçonnés, un procédé ITE avec enduit organique, un procédé de bardage composite imitation bois avec isolant ou non sur supports béton et un procédé ITE avec parements de pierres reconstituées. « Les parements utilisés en soubassements sont constitués de pierres nuancées, précise Gérard Chiocchia, dirigeant de GFC, vice-président de l'UNEEF-FFB et membre du Gite-FFB. Cela signifie que lors de la pose, nous avons pris le temps de chercher à créer un rendu visuel le plus naturel possible, en évitant l'uniformité. »
Un nouveau produit mis en œuvre grâce à une ATEx
Le produit utilisé pour ces soubassements est mis en œuvre dans des conditions nouvelles. Développé par l'Italien Geopietra et repéré par l'architecte, il ne disposait pas encore d'Avis technique pour une pose sur de l'ITE. Or, les façades des niveaux rez-de-chaussée de la Résidence Terra Vinea devaient recevoir une ITE en polystyrène expansé avec finition de parements de pierres reconstituées, collés en double encollage. Contacté, le fabricant a accepté immédiatement d'engager une demande d'ATEx (appréciation technique d'expérimentation) : une procédure rapide d'évaluation technique par un groupe d'experts. Elle facilite l'exécution des premières réalisations et est souvent le préalable à un Avis technique. « Nous avons décidé d'accompagner le fabricant dans cette démarche en réalisant les essais et les prototypes nécessaires au dépôt du dossier, ajoute Gérard Chiocchia. Cela n'est possible que si l'entreprise est choisie très en amont, dès la phase de réflexion. Et ce fut le cas. La phase de test sert aussi à nous rassurer. Le système Geopietra n'ayant jamais été mis en œuvre sur de l'ITE, nous avions des inquiétudes, notamment en matière d'arrachement. On ne connaissait pas la réaction de l'ITE et on se demandait si le parement tiendrait. Les tests ont permis de lever les doutes. » La solution, baptisée Mastrosistema, a obtenu son ATEx en avril 2017.
S'adapter : un pari gagnant
Pour Gérard Chiocchia, s'adapter est un pari gagnant. « Être les premiers à maîtriser une nouvelle technique ou à entrer sur un marché vous assure d'avoir, pendant quelques années au moins, des prix raisonnables, relève le dirigeant de GFC. Nous l'avons vécu avec l'isolation par l'extérieur. Alors que nous ne faisions que de l'enduit, un client nous a demandé de faire de l'ITE et nous avons dit oui. Cette nouvelle compétence a fortement contribué au développement de l'entreprise. » Côté maître d'ouvrage on est, là aussi, toujours en veille. « Innover fait partie de l'esprit de notre entreprise, explique Martial Aubry, directeur général de Var Habitat. Nous n'allons pas pendant 30 ans proposer les mêmes solutions. En général, lorsque nous repérons un nouveau procédé, nous l'expérimentons à petite échelle avant de l'adopter si les résultats sont concluants. C'est ainsi que, sur Terra Vinea, nous avons imposé un nouveau système de chauffage à air pulsé. Il ne faut pas oublier que nous sommes constructeur/exploitant. Dès la conception du projet, nous tenons compte des coûts d'exploitation et des charges que devront payer les locataires. Nous acceptons aussi de payer le prix de l'innovation et de la qualité là où d'autres cherchent le moindre coût ou le moins disant. » Hélas, cette dynamique pourrait se gripper. Consterné par les récentes déclarations gouvernementales sur la mise à contribution des bailleurs sociaux pour compenser la baisse des APL, Var Habitat a calculé que la mesure lui coûterait près de 6 millions d'euros, donnant un coup d'arrêt net à une grande partie de ses projets.
Gérard Chiocchia
Dirigeant de GFC, vice-président de l’UNEEF-FFB et membre du Gite-FFB.
« Être les premiers à maîtriser une nouvelle technique ou à entrer sur un marché vous assure d’avoir, pendant quelques années au moins, des prix raisonnables. »