Décarboner grâce au geste et aux matériaux bruits

Impact carbone très bas, circuits courts, matériaux performants thermiquement, savoir-faire attractifs et non délocalisables… La FFB veut promouvoir les nombreux points forts des systèmes constructifs non industrialisés (SCNI) et s’engage à accompagner ces filières dans le développement de leur arsenal normatif afin qu’ils retrouvent toute leur place sur le marché.
8:0012/03/2025
Rédigé par FFB Nationale
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Bâtimétiers Numéro 78 | mars 2025

Maison ancienne en pierre, toit recouvert de lauze patiné par le temps, toit de chaume qui se fond dans le paysage, façade en terre crue, chalet en bois massif empilé dans un pré… Centres-villes et campagnes donnent à voir de nombreux systèmes constructifs qui ont régné par le passé avant de péricliter. S’ils ont été supplantés par l’essor des procédés industriels, qui ont répondu aux impératifs de construire vite et moins cher, avec pour priorité l’efficacité, ils se révèlent être aujourd’hui, en plus d’une richesse patrimoniale, un atout pour répondre aux défis de l’environ­ne­ment et de la RSE pour la construction neuve.

 

À la demande de ses Unions de métiers, la FFB s’est emparée de ces techniques utilisant des matériaux le plus souvent biosourcés ou géosourcés (issus du sol), que sa commission technique a rebaptisés « Savoir-faire écosourcés »(1). Pour répondre à cette définition, ils doivent satisfaire à trois exigences : les performances de l’ouvrage réalisé doivent dépendre de la qualité de la mise en œuvre et donc du savoir-faire du compagnon ; l’ouvrage ne doit pas s’appuyer sur un produit manufacturé même fabriqué à l’échelle artisanale (petites séries) ; les matériaux constituant l’ouvrage doivent « arriver » sur le chantier séparément et faire l’objet d’un procédé de mis en œuvre incluant le « mélange » de ces matériaux.

 

Des systèmes constructifs bas carbone et des emplois locaux

 

Au moment où il nous faut réduire les émissions carbone du bâtiment pour lutter contre le changement climatique, ces savoir-faire se révèlent des alliés précieux. En effet, ils mettent en œuvre des matériaux très bas voire ultra-bas carbone, qui demandent peu d’énergie pour leur transformation et leur mise en œuvre, et sont produits ou extraits localement et utilisés en circuits courts. Ces techniques se sont développées au fil des siècles, en utilisant les matériaux disponibles sur place et en fonction de leurs caractéristiques, comme c’est le cas du torchis en Normandie et en Alsace, du pisé en région Rhône-Alpes, et de la bauge dans le bassin rennais.

 

« L’exemple de la pierre est très parlant, explique Frédéric Létoffé, le président de la commission technique de la FFB. Ce matériau demande relativement peu d’énergie pour son extraction, qui se fait le plus souvent au niveau local, et peu d’énergie pour sa transformation. Disponible en grande quantité, et à condition qu’elle soit extraite de façon raisonnée et sans défigurer le paysage, réutilisable à l’infini comme on l’a fait après chaque déconstruction, la pierre est un matériau qui a toute sa place aujourd’hui. »

 

Des vertus qui intéressent à nouveau les donneurs d’ordre, comme le montre l’exemple d’un bailleur social à Paris, qui a fait le choix de la pierre pour la construction de logements sur l’ancien site de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Paris 14e). Extraits localement, les matériaux biosourcés et géosourcés sont aussi un moyen de répondre à la pénurie de matériaux, en s’affranchissant des contingences du marché international. On redécouvre aujourd’hui les qualités naturelles qui en font des alliés pour satisfaire notamment aux exigences croissantes de la RE 2020.

 

Par exemple, l’inertie thermique de la pierre, qui régule la température à l’intérieur des logements, peut être une solution pour atteindre les seuils du confort d’été, tandis que les propriétés perspirantes de la terre crue en font un régulateur hygrométrique, et que le bois massif empilé donne avec une température de 19 °C un confort ressenti équivalent à 21 °C dans une construction conventionnelle. Enfin, ces savoir-faire représentent aujourd’hui des milliers d’emplois locaux et permettent aux entreprises de fournir une offre non délocalisable, et non industrialisable, et d’adopter un positionnement « responsable » qui correspond à une attente forte du marché.

 

Ces procédés sont aussi une réponse aux difficultés de recrutement du secteur, en donnant du sens aux métiers du bâtiment, et en inscrivant ces savoir-faire patrimoniaux dans une dynamique indispensable à l’entretien et à la pérennité du patrimoine bâti nouveau.

Disponible en grande quantité, et à condition qu’elle soit extraite de façon raisonnée et sans défigurer le paysage, réutilisable à l’infini comme on l’a fait après chaque déconstruction, la pierre est un matériau qui a toute sa place aujourd’hui.

Frédéric Létoffé, président de la commission techniquede la FFB

Normalisation, formation : tirer les filières vers le haut

 

Avec les différentes Unions de métier, la FFB a lancé il y a deux ans un Programme de recherche et développement métier (PRDM) pour identifier les techniques concernées, et accompagner le développement des filières correspondantes, avec le support du bureau d’études Karibati, spécialisé dans la construction biosourcée.

 

À la clé, vingt techniques ont été sélectionnées par les Unions de métiers – dans les secteurs maçonnerie/gros œuvre, second œuvre/finition, filière bois et couverture – qui ont fait l’objet d’une fiche complète, comportant la description de la technique, ses domaines d’application, ses intérêts, la localisation géographique, les acteurs, les chiffres clés de la filière et, lorsqu’ils existent, les documents normatifs de mise en œuvre.

 

« Ce recensement a mis en évidence le fait que, depuis des décennies, les industriels ont mis de gros moyens pour développer la normalisation de leurs produits, afin de pouvoir répondre aux exigences normatives et réglementaires, ajoute le président de la commission technique de la FFB. A contrario, les matériaux bruts ou naturels mis en œuvre avec ces savoir-faire ont un niveau de maturité normative très inégal, c’est-à-dire que les plus avancés ont des Règles Professionnelles voire un DTU, tandis que d’autres n’ont pas de texte de mise en œuvre, ce qui les maintient en marge du marché.

 

Ils doivent aujourd’hui entrer dans un schéma normatif, pour permettre aux entreprises d’obtenir leur assurabilité décennale. » L’étude réalisée avec Karibati a ainsi permis d’établir trois niveaux de maturité : « faible » quand il n’y a pas de cadre normatif reconnu et/ou pas d’essais de caractérisation et/ou pas de structuration et/ou pas de formation ; « moyen » quand il y a peu de cadre normatif reconnu ou de cadre normatif limité et/ou peu d’essais de caractérisation et/ou peu de structuration et/ou peu de formation ; « avancé » quand il y a un cadre normatif reconnu couvrant un large champ d’application, des essais de caractérisation, une structuration, de la formation.

 

Parmi les vingt techniques sélectionnées, sept d’entre elles sont déjà des techniques courantes (voir encadré). « Avec ce PRDM, notre objectif était de faire un état de l’art, et il est maintenant d’accompagner le développement de ces savoir-faire, en aidant à la structuration de ces filières, en soutenant la rédaction – ou la finalisation – et la validation des textes normatifs, en facilitant la caractérisation des solutions constructives (campagnes d’essais), et en développant la formation professionnelle et la formation initiale », résume Frédéric Létoffé.

 

 

La terre crue engagée dans un processus normatif

 

Les systèmes constructifs à base de terre crue sont un excellent exemple de procédé ancestral, qui a été marginalisé avec le temps. « On utilisait déjà de la brique de terre crue il y a 11 000 ans en Mésopotamie et, plus près de nous, le palais de l’Alhambra de Grenade est construit en terre crue », argumente Kevin Berger, président et cogérant de la SCOP Les Grands Moyens, dont les bureaux sont à Paris, et qui regroupe des architectes et des artisans spécialisés dans la construction en terre crue et en paille.

 

« Les tours de Shibam (Yémen), la “Manhattan du désert”, qui ont été érigées au xviie siècle et culminent à 30 m de hauteur, démontrent la fiabilité de ce système constructif », ajoute-t-il. À la lumière du développement durable, on redécouvre les vertus des procédés à base de terre crue, un matériau très bas carbone extrait localement, qui n’a besoin d’aucune énergie grise pour sa transformation et sa mise en œuvre.

 

Il est aussi un très bon isolant phonique et il régule l’humidité et la température car il emmagasine l’humidité quand elle est excessive puis la restitue quand il fait trop sec, tout comme la chaleur qu’il absorbe dans la journée pour la rediffuser la nuit quand il fait froid, d’où son adaptation aux climats très chauds, et son potentiel notamment en matière de confort d’été. 

Une autre manière de construire est possible, grâce à la terre crue, en respectant l’environnement

Kevin Berger, président et cogérant de la SCOP Les Grands Moyens, à Paris.

« Paradoxalement, malgré le très long retour d’expérience concernant la terre crue, nous ne disposons pas aujourd’hui de Règles Profes­sionnelles, mais de guides de bonnes pratiques, rédigés par la Confédération de la construction en terre crue (CCTC), grâce au financement de la DHUP, qui commencent à être pris en compte par les acteurs de la construction, poursuit le dirigeant. Cela complique considérablement l’acceptabilité de nos pro­cédés auprès des maîtrises d’ouvrage. »

 

À titre d’exemple, la SCOP Les Grands Moyens a construit récemment à Bagneux (Hauts-de-Seine) un ensem­ble de 42 logements – R + 6, d’une surface de 600 m2 – en structure béton avec remplissage à base de briques en terre crue non stabilisée en façade, c’est-à-dire sans adjuvant industriel, et cloisons réalisées dans ce même matériau, en réponse à la volonté du maître d’ouvrage de décarboner la construction. Mais elle a dû pour ce faire recourir à des avis de chantier, et produire 140 feuilles de calcul – et tests réalisés en laboratoire et in situ – pour obtenir la justification de ce procédé.

 

L’entreprise a également mobilisé pour cette opération pas moins de trente-sept maçons, dont la moitié étaient des femmes, venus de toute la France. « Cette opération nous a permis de montrer qu’une autre manière de construire est possible, grâce à la terre crue, en respectant l’environnement et en permettant à des hommes et des femmes de travailler dans de bonnes conditions pour construire quelque chose qui a du sens », conclut Kevin Berger. La terre crue bénéficie du Projet national Terre lancé par la CCTC et financé par les pouvoirs publics, avec pour objectif d’étudier les différents potentiels – mécanique, hygrothermique, acoustique, économie circulaire, social… – de la terre crue(2).

 

Retrouver les « Guides de bonnes pratiques de la construction en terre crue »

 

 

© DR / © FRANK GEHRY / © RIRKRIT TIRAVANIJA

Un papier peint biosourcé à base de fibre de tournesol

 

Il est possible de mettre au point un papier peint à la fois biosourcé et relevant d’un procédé non industriel. C’est ce qu’a montré Thomas Cronimus, gérant de Toma Peinture, implantée à Hœrdt (Bas-Rhin), et Meilleur ouvrier de France (MOF), en élaborant et en mettant en œuvre un papier peint à base de moelle de tournesol, pour le compte de la fondation au service de l’art Luma.

 

« Notre client voulait décorer la cafétéria de sa galerie située en Arles (Bouches-du-Rhône) avec un papier peint très écologique, en valorisant une matière première qui est habituellement un déchet, explique le chef d’entreprise. En teintant et en compressant cette moelle de tournesol, nous avons obtenu des feuilles de 1,20 m sur 1,20 m que nous avons calepinées et posées comme un produit classique. »

 

Complètement détrempé suite à un dégât des eaux sur le chantier, ce papier peint a pu être séché sans bouger, ce qui illustre les propriétés remarquables de ce procédé artisanal. Par cette opération, le chef d’entreprise a pu exprimer sa vision d’une peinture et décoration où l’artisan se réapproprie des compétences dans l’élaboration des procédés, qu’il détenait par le passé, avant qu’elles ne soient captées par l’industrie et le développement croissant des exigences normatives et réglementaires.

 

Thomas Cronimus, gérant de Toma Peinture, implantée à Hœrdt (Bas-Rhin).

Lauze, fuste : des procédés de niche à promouvoir

 

Extraite de carrières avec des moyens mécaniques artisanaux, la lauze – de schiste, de calcaire de phonolithe ou de gneiss – est une roche dont les propriétés sont connues et utilisées depuis fort longtemps en couverture, notamment la lauze qui se retrouve beaucoup en Lozère, Aveyron et Cantal. Débitée en pierres plates de 1,5 à 3 cm d’épaisseur, elle se pose au clou un peu comme l’ardoise, mais « à pureaux décroissants », c’est-à-dire en commençant par les plus grandes lauzes à la base du toit, jusqu’aux plus petites à son sommet.

 

« Ce matériau est un champion de la durabilité, puisqu’une toiture en lauze avec un peu d’entretien dure bien au-delà de cent ans, son impact carbone est donc très faible, d’autant plus qu’elle peut être déposée, récupérée et réutilisée plusieurs fois, déclare Pierre Lerouxel, dirigeant de l’entreprise familiale de couverture éponyme, implantée à Barjac (Lozère). Elle résiste à tout, les changements de température, le gel, la grêle, et prend une belle patine avec le temps. »

 

Ce matériau est un champion de la durabilité, puisqu’une toiture en lauze avec un peu d’entretien dure bien au-delà de cent ans.

Pierre Lerouxel, dirigeant de l’entreprise éponyme, à Barjac (Lozère).

Au fil des décennies, ce matériau a été cantonné à la niche des monuments historiques et du bâti ancien, du fait notamment de la raréfaction de la ressource suite à la fermeture de nombre de carrières d’extraction.

 

« Nous devons maintenant agir pour maintenir en vie notre savoir-faire, ajoute le couvreur. Nous travaillons actuellement à la rédaction de Règles Professionnelles, sous la houlette de l’Association nationale des artisans lauziers couvreurs (ALC), dans le but d’harmoniser les règles de l’art et de lutter contre une sinistralité qui nuit à notre filière. » Trois certificats de qualification professionnelle (CQP) dédiés aux différents types de lauze, des titres validés par l’Éducation nationale, sont à la disposition des entreprises qui souhaitent former leurs compagnons.

 

Connus depuis très longtemps, les systèmes constructifs en bois massif empilé, en particulier la fuste, une construc­tion réalisée par empilement et croisements ajustés de billions ou bois ronds de résineux, sont remarquables par leur sobriété carbone. « Pour obtenir notre matériau de construction, il suffit d’abattre les arbres, de les écorcer et de les tailler, un ensemble de tâches très peu mécanisées, explique Jérôme Jantet, directeur de La Pessière, une entreprise spécialisée dans la fuste implantée à La Pesse (Jura).

Le principal frein au développement de la fuste est son esthétique atypique, qui plaît à certains et déplaît à d’autres.

Jérôme Jantet, directeur de La Pessière, à La Pesse (Jura)

 

Une étude comparative menée il y a quelques années a montré qu’une même maison de 120 m2 réalisée en fuste consomme 1.000 kWh d’énergie grise, contre 18.000 kWh en ossature bois, et 26.000 kWh en briques. » Comme l’explique le chef d’entreprise, l’arrivée de la RT 2012 a porté un coup sévère à cette filière : beaucoup de professionnels ont fermé bou­ti­que, car ils pensaient ne pas pouvoir répondre à l’exigence d’étanchéité à l’air, alors que la suite a montré qu’il existe des solutions.

 

Grâce au retour d’expérience, on sait aujourd’hui que ce système constructif est totalement fiable, et qu’il permet de réduire considérablement les consommations de chauffage, en témoigne son succès dans les pays froids comme le Canada ou la Norvège, tout en offrant un habitat sain et source de bien-être. « Le principal frein au développement de la fuste est son esthétique atypique, qui plaît à certains et déplaît à d’autres, et peut détonner dans le tissu urbain, ce qui rend aléatoire l’obtention du permis de construire », ajoute le fustier.

 

La rédaction de Règles Professionnelles par Irabois, entamée sous l’égide d’Afcobois(3) en 1998, a été reprise avec la volonté d’aller jusqu’à leur acceptation par la Commission Prévention Produits (C2P) de l’Agence Qualité Construction (AQC), tandis que des essais sont à venir pour justifier de la conformité de ce procédé constructif à la réglementation sismique.

 

Staff, béton de chanvre : non industrialisés mais techniques courantes

Mis au point au xixe siècle, le staff est un autre exemple de système constructif non industrialisé qui a pu être très concurrencé par l’arrivée de la plaque de plâtre, plus économique pour des travaux techniques courants, par exemple un plafond horizontal standard. Mais quand il s’agit de réaliser des ouvrages ornementaux, comme des moulures, des corniches, des chapiteaux, des plafonds voûtés ou des motifs contemporains, alors le staff n’a pas d’équivalent :

 

« Le staff a pour matériau de base le plâtre additionné de filasse, une fibre 100 % végétale issue de la sisal, une plante de la famille du chanvre cultivée en France, ce qui en fait dans la plupart des cas un matériau biosourcé, explique Jean-Luc Marion, dirigeant de l’entreprise Deroux-Dauphin (Stuc et Staff) à Vaulx-en-Velin (Rhône). Ce matériau est mis en œuvre dans des moules ou par traînage, de façon entièrement manuelle, ce qui fait qu’il n’y a pas de limite à la créativité des formes que l’on veut réaliser. »

 

Le staff se révèle par ailleurs très peu émissif en matière de polluants, dans une optique de qualité de l’air intérieur (étiquetage A+). Mais surtout, il peut être considéré comme l’un des savoir-faire les plus avancés du point de vue normatif, puisqu’il est encadré par le NF DTU 25.51 « Mise en œuvre des ouvrages en staff traditionnel », ce qui en fait une technique courante.

L’association Construire en chanvre a travaillé dès 2006 à l’élaboration de Règles Professionnelles, qui ont été reconnues par l’AQC, et font du béton de chanvre une technique courante.

Christophe Lubert, gérant de la société LB Éco-Habitat, à Bédée (Ille-et-Vilaine).

« Ce NF DTU a été révisé en 2011, complété par un cahier des recommandations professionnelles face aux risques sismiques en 2015 et amendé en 2018 (ajout des moulages en GFRG – Glass Fiber Reinforced Gypsum), ajoute le chef d’entreprise. En complément, le staff a bénéficié de nombreux essais pour certifier ses performances mécaniques, acoustiques, sismiques, fongiques, ou encore de résistance au feu. »

 

Sur le plan de la formation, le CAP de staffeur ornemaniste est enseigné dans différents lycées techniques, et cette technique est présente dans les CFA des Compagnons du devoir et de la Fédération compagnonnique. Les entreprises ont à leur disposition trois qualifications Qualibat – 6511 (Fourniture et pose de staff), 6512 (Travaux de staff) et 6513 (Restauration de staff des monuments historiques) – et des qualifications pour les travaux de stuc – 6522 et 6523 – et de gypserie – 6592 et 6593 (plâtre et chaux) – pour faire valoir leurs compétences auprès des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre.

 

Enfin, ce tour d’horizon se termine avec le béton de chanvre, un mélange de granulat végétal – la chènevotte, issue de la transformation de la tige de la plante –, de chaux et d’eau, mis en œuvre avec une ossature entre deux banches ou projeté sur une surface pour réaliser des murs, des cloisons, des doublages (techniques courantes), ou encore des formes isolantes en sol et de toiture (techniques non courantes).

 

Ce procédé pourrait montrer la voie à suivre pour d’autres savoir-faire écosourcés. En effet, son faible impact carbone, ses propriétés isolantes et son bon comportement thermique, associés à sa maturité normative avancée, font qu’il connaît aujourd’hui un développement important. « L’association Construire en chanvre, qui réunit les professionnels du secteur, a travaillé dès 2006 à l’élaboration de Règles Professionnelles, qui ont été reconnues par l’AQC, et font du béton de chanvre une technique courante, déclare Christophe Lubert, gérant de la société LB Éco-Habitat, implantée à Bédée (Ille-et-Vilaine).

 

La troisième version actualisée de ces Règles, publiée à l’été 2024, élargit notre domaine d’application aux immeubles de la troisième famille, jusqu’à 28 m de hauteur, et permet de ne pas avoir de restrictions sur les ERP. » Des investissements importants sont à l’origine d’unités de production dans l’ouest de la France et en région parisienne, pour pouvoir fournir des éléments préfabriqués en béton de chanvre et répondre à une demande crois­sante du marché tout en réduisant les coûts de construction.

 

La première édition du Prix national de la construction en chanvre a vu le jour en 2024, avec pour vocation de mieux faire connaître ce mode constructif aux donneurs d’ordre et au public. Remis au goût du jour par les exigences croissantes de décarbonation du bâtiment, les savoir-faire écosourcés doivent désormais s’engager dans une communication active pour faire valoir leur pertinence auprès des décideurs du secteur et des pouvoirs publics.

Le staff est mis en œuvre dans des moules ou par traînage, de façon entièrement manuelle, ce qui fait qu’il n’y a pas de limite à la créativité des formes que l’on  veut réaliser.

Jean-Luc Marion, dirigeant de Deroux-Dauphin, à Vaulx-en-Velin (Rhône).

Les sept techniques de savoir-faire écosourcés déjà en technique courante

 

  • Construction en paille, remplissage isolant et support d’enduit.
  • Blocs de terre comprimée (BTC).
  • Exécution de parois verticales (murs, cloisons et doublages) en bétons de chanvre.
  • Mise en œuvre des enduits sur supports composés de terre crue.
  • Technique de construction des murs en pierre sèche.
  • Charpente en bois frais de sciage.
  • Ouvrages en staff traditionnel.
  1. Au lieu de « systèmes constructifs non industrialisés », vocabulaire officiel mais un peu complexe.
  2. https://projet-national-terre.univ-gustave-eiffel.fr
  3. Organisation professionnelle dédiée aux entreprises de construction bois et à la réalisation de bâtiments à structure bois.

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