L'entretien de la toiture

L'entretien préventif d'une couverture a une influence significative sur la durée de celle-ci. Il permet à la fois de prévenir les éventuels désordres, mais aussi de planifier les travaux de grosses réparations, en offrant l'avantage au propriétaire de l'ouvrage de maîtriser ses dépenses. De façon générale, le professionnel est tenu de conseiller son client sur les conditions d'usage et d'entretien de l'ouvrage. Dès lors, il a tout intérêt à proposer un contrat d'entretien qui précise clairement le champ d'intervention, les prestations et les conditions d'intervention.
13:4006/09/2020
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Pour un maître d'ouvrage ou ses mandataires, l'entretien de la couverture fait partie de la bonne gestion du patrimoine puisqu'il permet d'anticiper, d'identifier et de planifier les tra­ vaux nécessaires et donc les dépenses liées à l'exploitation de sa toiture et de son bâtiment.
Par ailleurs, l'entrepreneur, en tant qu'homme de l'art, est tenu à une obligation de conseil envers son client, notamment concernant la bonne utilisation de la toiture ainsi que les mesures d'entretien et de maintenance à réaliser réguliè­rement pour en assurer le bon fonctionnement, en maintenir les performances et la pérennité.
En effet, l'obligation d'entretien régulier de la couverture et des terrasses ainsi que des ouvrages d'évacuation d'eaux pluviales (tels que les gout­tières, les chéneaux, les tuyaux de descente) figure dans les règlements sanitaires départementaux. Les documents techniques unifiés (DTU) pré­cisent également que la condition de durabilité ne peut être pleinement satisfaite que si les ouvrages sont entretenus et que si leur usage est normal (conforme à leur destination). Cet entretien est à la charge du maître de l'ouvrage, les travaux étant de la compétence des différents corps d'état.


 

Le devoir de conseil du couvreur

 

Le propriétaire ou l'occupant engage en principe sa responsabilité en cas d'accidents dus au manque d'entretien ou à un usage anormal. Les conditions d'assurance peuvent d'ailleurs être affectées par l'état de vétusté, le défaut d'entretien ou le mauvais entretien.

 

Cependant, en cas de litige avec l'entreprise, le défaut d'entretien est rarement retenu à l'encontre du maître d'ouvrage, au motif qu'il n'existe pas de preuve que celui-ci était informé des obligations d'entretien exactes qui lui incom­baient au regard de sa toiture.

 

Dès lors, il appartient à l'entrepreneur qui veut s'exonérer de sa responsabilité, liée à un mauvais entretien par exemple, de prouver qu'il a cor­rectement« conseillé» le maître d'ouvrage sur la bonne utilisation de la toiture et sur les mesures d'entretien et de maintenance à réaliser réguliè­rement pour en assurer le bon fonctionnement, en maintenir les performances et la pérennité. Cette information doit se faire au plus tard lors de la prise en charge de l'ouvrage à entretenir. Mais pour pouvoir invoquer le respect de son devoir de conseil, l'entrepreneur doit conserver la trace écrite du conseil donné.

 

Dans le cas où l'entreprise a elle-même réalisé les travaux de la couverture, la seule fourniture d'un dossier des ouvrages exécutés (DOE) n'apparaît pas adaptée au regard de la jurisprudence, le maître d'ouvrage n'ayant pas nécessairement les connaissances suffisantes pour extraire du DOE les renseignements nécessaires à l'entretien. De même, la simple proposition d'un contrat d'entretien ne vaut pas, aux yeux de la jurisprudence, "conseil d'entretien" mais constitue simplement une offre commerciale indépendante du contrat de construction.


Il est donc conseillé à l'entreprise d'établir une fiche adaptée aux travaux réalisés rappelant les obligations d'entretien au maître d'ouvrage (on se réfèrera utilement aux DTU de couverture).


Ce document doit comporter une mention spécifiant que le maître d'ouvrage en a bien pris connaissance. L'entreprise doit la faire signer par le maître d'ouvrage et conservera un double du document signé.

Il est ainsi utile de rappeler que les dispositions des NF-DTU de la série 40 et en particulier que l'usage normal de la couverture implique une circulation réduite au strict nécessaire pour les entretiens et les travaux annexes (fumisterie, pose d'antennes).

 

Dans le cas où des équipements techniques nécessitant des visites fréquentes (installations de conditionnement d'air, par exemple) sont situés sur la toiture, il convient de rappeler au maître d'ouvrage que ces opérations d'entre­ tien nécessitent des dispositions adaptées pour ne pas détériorer les éléments de couverture ou les revêtements de protection des parties métalliques (interposition d'échelles plates, de planches, installation de chemin de circulation, port de chaussures spéciales par exemple).

 

Les opérations d'entretien de la couverture

 

L'article 29.1 du règlement sanitaire départe­ mental type précise que les ouvrages d'évacua­tion (gouttières, chéneaux, tuyaux de descente) doivent être maintenus en bon état de fonctionnement et d'étanchéité. Ils sont nettoyés autant qu'il est nécessaire et notamment après la chute des feuilles.

 

Les NF-DTU de couverture (de la série 40) pré­cisent également dans leurs annexes respectives les conditions d'usage et d'entretien de la couverture. Celui-ci comporte notamment :

  • l'enlèvement périodique des feuilles, herbes, mousses et autres dépôts ou objets étrangers;
  • le maintien en bon état de fonctionnement des évacuations d'eaux pluviales;
  • le maintien en bon état des ouvrages accessoires qui contribuent à l'étanchéité de la couverture tels que solins, souches de cheminée, larmiers, etc.;
  • le maintien en bon état des éléments du gros œuvre et du support de la couverture;
  • le maintien d'une ventilation efficace de la sous-face de la couverture;
  • pour les parties métalliques de la couverture, le maintien en bon état des revêtements de protection en cas de dégradation accidentelle ou d'amorce de corrosion, notamment localisée en rive d'égout ou sur les recouvrements transversaux ;
  • pour les surfaces métalliques non soumises au lavage naturel assuré par les précipitations atmosphériques, un nettoyage régulier suivi, le cas échéant, d'un traitement systématique et immédiat des parties présentant des amorces de corrosion.

 

 

Il convient d'attirer l'attention du maître d'ouvrage par le fait que, lorsque l'atmosphère ambiante devient plus agressive (pollutions nouvelles, par exemple), l'adaptation des revê­tements d'origine doit être réexaminée et, si nécessaire, le revêtement doit être adapté à ces nouvelles conditions.

 

Lors de la mise en œuvre, l'entretien ou l'usage d'une couverture comportant des plaques translucides ou d'autres accessoires, on ne doit pas prendre appui directement sur ces matériaux. Des échafaudages, plates-formes, planches ou échelles sont utilisés.

 

Le contrat d'entretien

 

Les responsabilités de l'entreprise

 

Rien n'oblige l'entreprise réalisant des presta­tions d'entretien à rédiger et proposer un contrat à son client. Ce seront alors ses conditions générales d'intervention qui seront applicables.

 

Cependant, en proposant ses prestations sous forme de contrat, l'entreprise formalise ses modalités et ses conditions d'intervention et fixe en quelque sorte la règle du jeu: modalités d'exécution, conditions de paiement, limites de responsabilité, règlement des litiges. Bien rédigé, un contrat peut ainsi permettre de réduire le nombre de litiges.

 

Dans un contrat d'entretien, l'entreprise s'oblige, moyennant le versement d'un prix donné, à effectuer un certain nombre de visites de l'ou­vrage qu'elle doit entretenir et de prestations définies. Il peut s'agir de prestations de net­toyage, de balayage et de replacement d'élé­ments de la couverture et de vérifications. Il n'y a donc pas, à proprement parler, exécution de travaux. À l'exception de petites fournitures comprises dans le prix du contrat, toute pièce ou élément de la couverture en mauvais état n'est remplacé qu'après accord du maître d'ouvrage ou du client sur la réparation à entreprendre et fait l'objet d'un devis suivi d'une facturation en marge du contrat d'entretien.

 

Rappelons en effet que seuls les travaux de construction d'un ouvrage immobilier relèvent du régime de la responsabilité décennale, ainsi que certains travaux relatifs à la structure de la partie neuve réalisée ou assurant une de ses fonctions essentielles (clos et couvert notam­ment), qu'il s'agisse de travaux de réfection ou de gros entretien.

 

C'est pourquoi le contrat d'entretien doit définir avec précision les prestations de petit entretien proposées (balayage, nettoyage, replacement) et exclure du contrat tous travaux de mise en conformité, de rénovation, de réfection ou de remplacement d'éléments assurant une fonction essentielle, au risque de tomber dans le domaine de l'assurance décennale obligatoire.

 

À ce titre, les interventions réalisées dans l'ur­gence, à la suite de fuites ou dégâts des eaux, ne rentrent pas dans le champ de l'entretien courant. L'entreprise est libre de proposer, en marge du contrat d'entretien proprement dit, un service d'intervention rapide pour les répa­rations d'urgence.

 

L'enlèvement périodique des feuilles, herbes, mousses et autres dépôts ou objets étrangers est bien précisé dans les conditions d'usage et d'entretien de la couverture

NF-DTU de la série 40

Le constat préalable de l'existant

 

Avant de proposer un contrat d'entretien, il est conseillé d'établir une description précise de l'ouvrage faisant l'objet du contrat ainsi que toutes informations utiles concernant le ou les bâtiments concernés, comme la date de la construction, de la réfection ou du dernier remaniement, dans la mesure où les délais de garantie (garantie décennale notamment) peuvent encore courir.

 

En effet, en présence de désordres ou malfa­çons relevés lors de l'état des lieux, le maître d'ouvrage peut être encore en mesure d'exercer une action en garantie contre les constructeurs à l'origine des travaux. Dans cette hypothèse, l'entreprise doit non seulement signaler les désordres au maître d'ouvrage, mais en plus, elle doit veiller à ne pas masquer les éventuels défauts ou malfaçons lors de son intervention sur la couverture. Elle a, à l'égard du propriétaire de l'ouvrage ou du client, une obligation d'information et de conseil.

 

Il est donc indispensable avant la signature d'un contrat d'entretien de réaliser un état des lieux signé des deux parties, en décrivant le cas échéant les mises en conformité de l'ouvrage et les réparations des parties défectueuses qui sont exclues du contrat d'entretien. Cette visite préa­lable est précieuse d'indications pour l'entrepre­neur mais permet aussi au client de connaître l'état général de sa couverture à laquelle il accède rarement. Des photos des parties d'ouvrage concernées sont à conserver par l'entreprise. Un double pourra être présenté au client à1'appui de l'état des lieux.

 

Parallèlement à l'état des lieux technique de la couverture proposée à l'entretien, il y a lieu de vérifier également la présence de moyens d'accès et l'existence et l'état de conformité des matériels permanents de sécurité utilisés pour les interventions en couverture (lignes de vie, ancrages permanents, crochets de sécurité, etc.). Il est également recommandé de repérer les éléments « fragiles » de la couverture pour les­ quels des dispositions particulières en matière de sécurité doivent être prises afin de ne pas prendre appui directement sur ces matériaux (verrière, lanterneaux, ouvrants sur toiture, éléments de couverture en matériaux peu résistants type plaques en fibres-ciment, tôles ondulées de faible épaisseur, plaques plastique...).

 

Le constat préalable permet de définir les équipements de travail et les moyens d'intervention appropriés

Enfin, il est important de rappeler que l'article R.4412-97 du code du travail impose au donneur d'ordres, au maître d'ouvrage ou au propriétaire de l'ouvrage de faire réaliser un repérage préalable de matériaux susceptibles de contenir de l'amiante et de le transmettre à l'entreprise qui doit intervenir ultérieurement. Il est donc indis­pensable d'exiger ces documents de repérage avant la signature du contrat d'entretien, afin de pouvoir, le cas échéant, définir les mesures de prévention permettant d'assurer la sécurité et la santé des personnes. En cas de doute lors de l'état des lieux, l'entreprise doit demander au propriétaire de faire réaliser un repérage amiante adapté aux opérations d'entretien envisagées. Dans tous les cas, les résultats du repérage doivent figurer dans l'état des lieux. Il est de plus recommandé d'insérer dans le contrat une clause relative à la présence d'amiante afin de conditionner l'intervention de l'entreprise à la remise des informations relatives à la présence d'amiante et de permettre à l'entreprise de suspendre l'exécution du contrat en cas de découverte ultérieure de matériaux susceptibles de contenir de l'amiante.

 

À défaut de contrat d'entretien, ce sont les condi­tions générales d'intervention de l'entreprise qui sont applicables. Le contrat permet en revanche d'adapter au cas par cas selon les besoins de l'entreprise et de son client les prestations envi­sagées et les modalités applicables. Il pourra par exemple prévoir, selon les ouvrages concernés, des rapports de visite agrémentés d'un relevé de photos afin de justifier des prestations auprès du donneur d'ordres.

 

La rédaction d'un contrat d'entretien en couverture

 

Afin d'aider les entreprises à respecter l'ensemble des dispositions légales et notamment celles issues de la loi relative à la consommation ou encore de la protection des données personnelles, l'UMGCCP propose un contrat type, qui a été mis à jour dans le cadre de sa commission Couverture.

 

Ce document est proposé en téléchargement au format Word. Il est à adapter au cas par cas selon les besoins de l'entreprise. Il s'accompagne d'un guide pour la rédaction d'un contrat d'entretien en couverture qui a pour objectif d'aider les entreprises en précisant les différents éléments qui devraient figurer dans un tel document.


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