Géothermie : les calories dans le sol

La géothermie dite de « minime importance » est une solution de chauffage fiable, performante et en phase avec la notion de développement durable. Une technologie dont le potentiel mérite d’être mis en avant.
8:3306/12/2021
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Bâtimétiers Numéro 65 | Décembre 2021

Indiscutablement, les réflexes sont là. Quand on parle d’énergie renouvelable, on a plutôt tendance à lever les yeux au ciel qu’à plonger le regard vers le sol. Le photovoltaïque, l’éolien et le solaire thermique occupent à l’évidence le devant de la scène des énergies vertes. Venant loin derrière, la géothermie souffre encore d’un déficit de notoriété marqué. Si, en 2019 – et pour la première fois depuis dix ans –, le nombre d’installations déployées a connu une hausse de 9 % avec 2 600 unités vendues, il faut bien le reconnaître : clients et installateurs sont encore peu nombreux à opter pour cette solution de chauffage. Principales raisons évoquées ? Un investissement trop important, une mise en œuvre trop lourde et des démarches administratives trop compliquées. Autant d’idées qui méritent d’être remises en cause car, associés à une pompe à chaleur (PAC), ces équipements affichent d’excellentes performances. De plus, ils sont parfaitement fiables et bénéficient d’aides (MaPrimRénov’, CEE) pouvant atteindre des sommes de l’ordre de 14 000 euros pour les ménages les plus modestes, ce qui en limite les surcoûts.

Un protocole allégé

Des allégements réglementaires entrés en application en 2015 ont levé nombre de freins relatifs à la géothermie. Si la technique relevait jusqu’alors du Code minier, cette contrainte n’est plus de mise pour les installations de géothermie de minime importance (GMI), c’est-à-dire celles dont les forages qui y sont liés n’excèdent pas 200 m de profondeur (voir encadré). Finies, donc, les enquêtes publiques inhérentes à tout projet de ce type. Désormais, le protocole à suivre est beaucoup plus léger. Il passe par une simple obligation de télédéclaration sur un site Internet gouvernemental dédié, une procédure censée faciliter le développement de la géothermie auprès des particuliers ou pour les petits bâtiments.

Vert, orange ou rouge : un zonage du territoire national a été établi en fonction des risques potentiels présentés par la réalisation d’une GMI.

Ainsi, selon la localisation d’un forage donné et en fonction des strates géologiques traversées, trois réponses sont fournies quant à la faisabilité d’un tel chantier et la procédure à suivre pour le mener à bien. En zone verte, aucun risque (remontée de nappe, etc.) n’est identifié : le projet peut être lancé en toute sécurité. En zone orange, l’avis préalable d’un hydrogéologue est requis avant d’amorcer les travaux de forage. En zone rouge, la réalisation d’une installation de GMI est interdite.

Les normes qui régissent le domaine

En dehors de ces impératifs géologiques, d’autres paramètres peuvent conditionner la réalisation d’un projet de GMI. Il est, par exemple, impossible d’effectuer un forage lorsque l’on se situe aux abords d’une aire de captage d’eau destinée à la consommation humaine. De même, la proximité d’une unité de stockage d’hydrocarbures, d’un élevage ou d’une déchetterie entraîne le respect de distances minimales avec le point de forage, soit 35 m dans les deux premiers cas et 200 m dans le troisième.

Comme pour tout chantier, les travaux liés au déploiement d’un équipement de GMI sont encadrés par un certain nombre de règles et de normes. Tout ce qui concerne la mise en œuvre de PAC géothermiques est défini dans le NF DTU 65.16. Les forages sur nappe, pour leur part, relèvent de la norme NF X10-999, qui précise les bonnes pratiques pour la réalisation, le suivi et l’abandon des forages dans l’aquifère. Enfin, les règles se rapportant à la prise en charge des sondes géothermiques verticales sur la globalité de leur cycle de vie sont fixées par la norme NF X10-970. Il est important de noter que tout forage pourra être effectué à la condition expresse de recourir à un foreur titulaire de la certification RGE Qualiforage (sonde ou nappe), délivrée par Qualit’EnR. Cela constitue une garantie de qualité pour le maître d’ouvrage – les professionnels concernés ayant aussi l’obligation de souscrire une assurance spécifique couvrant tous les aléas liés au forage lui-même.

Pascal Housset, gérant de Réalitherm, à Boissy-le-Châtel (Seine-et-Marne) et vice-président de l’UMGCCP-FFB

De plus en plus de demandes

Actuellement, les particuliers semblent de plus en plus demandeurs de solutions de GMI, tant dans le neuf qu’en rénovation. Dans ce dernier cas, ces solutions sont particulièrement bien adaptées aux bâtiments de plus de 300 m² et fortement consommateurs de fuel. Les temps de retour sur investissement peuvent alors être inférieurs à dix ans, notamment grâce aux efforts faits par les industriels pour réduire le coût du matériel. En ajoutant les aides de l’État, la réalisation de telles installations se révèle de plus en plus accessible. La GMI mérite d’être démocratisée, tant auprès du public que des installateurs, et l’UMGCCP-FFB propose un véritable package à ses adhérents (outils d’accompagnement, formations, etc.) pour les aider dans cette démarche.

GMI, mode d’emploi

Les systèmes géothermiques doivent répondre à plusieurs critères pour relever du régime applicable aux installations de minime importance. Ceux-ci ne concernent pas les procédés de géothermie de surface (captage horizontal), tels que les puits canadiens.

 

Géothermie sur forage sec
La profondeur des forages verticaux, dont le nombre peut varier pour une même installation selon la surface à traiter, est inférieure à 200 m. La puissance thermique de la GMI ne peut excéder 500 kW. Les sondes installées fonctionnent en circuit fermé (tubes en U), de l’eau glycolée assurant le transfert des calories du sol vers la PAC associée.

 

Géothermie sur nappe phréatique
Là encore, les forages effectués ne dépassent pas 200 m et la puissance thermique du système est limitée à 500 kW. De plus, le volume d’eau pompée dans la nappe est de 80 m3/h au maximum et doit être réinjecté à 100 % dans le même aquifère. Dernier point : la température de l’eau prélevée est plafonnée à 25 °C.

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