2023 : L'activité et l'emploi s'érodent
Activité globale -0,6 %
Malgré l’entrée en crise du logement neuf et grâce à la dynamique de l’entretien-amélioration, le bâtiment ne connaît qu’une érosion de son activité en 2023, à - 0,6 % en volume.
Emploi -0,2 %
Après six années de hausse continue et notamment la création de plus de 110 000 postes (et même 136 000 en comptant les artisans non salariés) sur la période 2020-2022, l’emploi fléchit d’environ 3 000 postes salariés et intérimaires en équivalent temps plein (ETP) en moyenne sur 2023. De plus, ce mouvement relève des seuls effectifs salariés, l’intérim restant stable.
Santé financière des entreprises
Malgré la modeste baisse d’activité, la situation financière des entreprises de construction s’améliore encore très légèrement en 2023. De fait, les marges opérationnelles (corrigées de la rémunération du travail des chefs d’entreprise non salariés) gagnent environ 1 point de pourcentage, les prix ayant progressé légèrement plus rapidement que les coûts.
Néanmoins, elles s’affichent encore près de 5 points au-dessous de leur niveau de 2019. S’agissant des coûts, le poste « salaires » accélère en 2023, d’environ 4 %, donc légèrement en-deçà de l’inflation (5 %). Quant au poste « matériaux », il s’affiche globalement en net ralentissement.
Logement neuf -7,8 %
Le logement neuf est entré en crise en 2023, sa production reculant de 7,8 %, hors effet prix. Seuls 286 000 logements sont sortis de terre, niveau proche de ses plus bas historiques relevés au début des années 1990, aux environs de 275 000 unités.
Cette crise procède d’une combinaison de facteurs négatifs : la dégradation de l’environnement macrofinancier, avec notamment la hausse des taux d’intérêt, l’impact sur les coûts de production de la crise des matériaux et de la mise en oeuvre de la RE 2020, la non-revalorisation des aides au logement et un contexte moins favorable à se projeter sur le long terme, donc à investir.
Non-résidentiel neuf +0,4 %
L’activité dans le non-résidentiel neuf ralentit nettement, mais reste en territoire légèrement positif, à +0,4 % en volume. En revanche, les surfaces commencées chutent de près de 15 % pour atteindre leur plus faible score depuis 1986, avec seulement 22,7 millions de mètres carrés, tous les segments contribuant à ce mouvement.
Entretien-amélioration +2,6 %
L’entretien-amélioration ressort comme le seul grand segment en hausse d’activité, à +2,6 % à prix constants, soit 0,5 point de pourcentage de plus que le rythme de 2022. Par segments, la rénovation énergétique (+ 3,0 %) s’avère portée par le non-résidentiel (+4,1 %), puis par le logement (+2,6 %). Quant aux travaux non énergétiques, ils ressortent également bien orientés (+2,4 %).
2024 : Le bâtiment entre véritablement en récession
Activité globale -5,5 %
Le bâtiment s’inscrira véritablement en récession en 2024, avec un recul de 5,5 % du chiffre d’affaires en volume, tiré vers le bas par la chute de 14,6 % du neuf.
Emploi -6,5 %
L’emploi salarié et intérimaire (en ETP) dans le bâtiment décrochera de 6,5 % en 2024, soit 90 000 emplois détruits en moyenne sur l’année. La vive croissance de l’après-crise sanitaire se trouverait donc quasiment annulée.
Logement neuf -21,3 %
Le logement neuf s’effondrera de 21,3 %, subissant la très forte dégradation constatée à l’amont de la filière tout au long de 2023. D’autres facteurs viendront s’y ajouter, comme la suppression de l’éligibilité au PTZ dans l’individuel à partir du 1er janvier 2024.
Le nombre de logements commencés crèvera alors son plancher historique pour tomber à 241 000 unités, 120 000 en-deçà de sa moyenne de long terme.
Non-résidentiel neuf -6,0 %
Compte tenu des délais de réalisation et d’une baisse des surfaces commencées de 13,7 % en 2023, le non-résidentiel neuf reculera de 6,0 % en volume. Hormis les bâtiments administratifs, en croissance de 2,0 %, les autres segments s’afficheront en baisse, les bureaux enregistrant la chute la plus importante (-13,3 %).
Entretien-amélioration +1,6 %
L’activité en entretien-amélioration ralentira, à +1,6 % à prix constants. Tous les segments connaîtront un tassement, le plus important concernera la rénovation énergétique du logement, qui pâtira de la réforme de MaPrimeRénov’ (fort resserrement de la rénovation par geste et difficile mise en place de Mon Accompagnateur Rénov’).