La biodiversité signifie littéralement la diversité du vivant. Elle recouvre l’ensemble des milieux naturels et des formes de vies, ainsi que toutes les relations et interactions existantes entre les organismes vivants entre eux d’une part, et entre ces organismes et leurs milieux de vie d’autre part.
La biodiversité joue un rôle majeur pour l’équilibre et la pérennité de notre société, grâce notamment aux services écosystémiques qu’elle nous rend (voir plus bas), c’est pourquoi il est impératif de la préserver.
En quoi le Bâtiment est-il un acteur majeur pour préserver la biodiversité ?
Le secteur du bâtiment est un acteur majeur de la préservation et la restauration de la biodiversité, via les leviers d’action suivants :
- Intégration de la nature en ville, liens entre les bâtiments, les écosystèmes et les continuités écologiques qui les entourent : les bâtiments, par définition, utilisent de la surface habitée par certains écosystèmes, qui doivent par conséquent s’adapter, plus ou moins facilement selon les méthodes d’urbanisation
- Utilisation de solutions basées sur la nature : végétalisation des façades et des toitures, intégration d’espaces verts et de zones naturelles autour du bâti…
- Utilisation raisonnée du foncier : rénovation de l’existant pour limiter l’étalement urbain, construction en hauteur…
- Accueil d’espèces sur le bâtiment grâce à des dispositifs qui peuvent accueillir la biodiversité : nichoirs, hôtels à insectes, anfractuosités laissées volontairement…)
- Préservation de la biodiversité existante en phase chantier
Quels sont les impacts du secteur de la construction sur la biodiversité ?
Le secteur de la construction génère aussi des impacts directs et indirects sur la biodiversité qu’il est nécessaire de maitriser :
- Artificialisation des sols et perte/fragmentation des milieux naturels
- Consommation de ressources naturelles (eau, énergie, matières premières)
- Pollutions accidentelles de l’air, de l’eau et des sols
- Pression sur la biodiversité et en particulier sur les espèces inféodées au bâtiment, lors de la phase chantier ainsi que lors de la phase utilisation des bâtiments
- Emissions de gaz à effet de serre
Espèces animales fréquemment rencontrées dans un bâtiment
Les espèces animales les plus courantes rencontrées dans un bâtiment sont les oiseaux, les chauves-souris et les reptiles. Parmi elles, certaines sont des espèces protégées, ce qui signifie qu’elles font l’objet de mesures de conservation et sont interdites de destruction. Elles sont listées par arrêtés ministériels.
Oiseaux
Espèces d’oiseaux couramment rencontrées : Hirondelles de fenêtres, Martinets noirs, Moineaux domestiques …
Lieu de prédilection dans le bâtiment : anfractuosités (cavités, fissures…), façades (rebord de fenêtres, coffres de volets roulants…), charpentes, granges, etc.
Chauves-souris
Espèces de chauves-souris (ou chiroptères) couramment rencontrées : Pipistrelles, Sérotines, Murins, etc.
A noter qu’en France, toutes les espèces de chauve-souris sont protégées.
Lieu de prédilection dans le bâtiment : en été sous les combles ou la toiture, en hiver dans les sous-sols, dans les fissures de murs ou façades toute l’année.
Reptiles
Espèce la plus courante rencontrée : Lézard des murailles.
A noter qu’en France, toutes les espèces de reptiles et d’amphibiens sont protégées.
Lieu de prédilection dans le bâtiment : murs en pierre, fissures, cavités diverses.
Espèces fréquemment rencontrées sur l’emprise d’un chantier
Les espèces susceptibles d’être rencontrées autour d’un bâtiment et donc potentiellement sur l’emprise d’un chantier sont beaucoup plus variées que dans le bâti seul.
Elles incluent des espèces végétales allant des arbres remarquables à la plus petite des mousses, et des espèces animales comme :
- des petits mammifères (rongeurs, hérissons, …),
- des amphibiens (crapauds, grenouilles…),
- des insectes (libellules et leurs larves, papillons et leurs chenilles…),
- des oiseaux...
A noter également : toutes les espèces « invisibles », animales ou végétales, présentes dans le sol (insectes, mollusques, petits mammifères, graines, pollen, racines...) qui constituent une richesse à préserver.
Attention aux plantes exotiques envahissantes !
Certaines espèces végétales, appelées espèces exotiques envahissantes, sont indésirables et doivent faire l’objet d’une attention particulière sur le chantier.
Deux cas possibles :
- ces espèces étaient présentes avant le chantier : il revient à l’entreprise de limiter au maximum leur développement ;
- ces espèces arrivent en cours de chantier : il revient à l’entreprise de les détruire.
Ne pas confondre ces espèces envahissantes qui sont exogènes (venues d’ailleurs, le plus souvent d’un autre continent) avec les espèces locales qui peuvent aussi, dans certaines conditions, devenir envahissantes, comme les ronces.
Quelques exemples d’espèces exotiques envahissantes pouvant être rencontrées sur le chantier : Jussie à grandes fleurs, Renouée asiatique, Ambroisie, Seneçon du Cap, Arbre aux papillons, Griffes de sorcière, etc.
Métiers du bâtiment concernés par la protection de la biodiversité
Au vu des espèces précédemment citées, les métiers du bâtiment les plus concernés par la prise en compte de la biodiversité lors de travaux dans un bâtiment existant sont les suivants :
- Charpente
- Couverture
- Façade
- Isolation
- Etanchéité
- Menuiserie extérieure
- Gros œuvre
A noter que les travaux de rénovation énergétique (ITE, changement de fenêtres, isolation des combles, etc.) sont particulièrement concernés par la prise en compte de la biodiversité dans le bâti.
Les espèces pouvant être rencontrées autour d’un bâtiment, et donc potentiellement sur l’emprise du chantier, sont beaucoup plus variées que dans le seul bâti. Ainsi la plupart des métiers du bâtiment peuvent donc être concernés par les enjeux écologiques sur les chantiers.
Déclin alarmant de la biodiversité
La préservation de la biodiversité est essentielle car elle garantit la stabilité des écosystèmes, fournit des ressources naturelles essentielles à notre survie, et contribue à la résilience face aux changements climatiques.
Le constat général qui est fait aujourd’hui sur l’évolution de la biodiversité est alarmant. Selon l’Indice Planète Vivante , entre 1970 et 2018, la taille moyenne des populations de vertébrés sauvages a décliné de 69%.
Le secteur du bâtiment exerce une certaine pression sur la biodiversité, notamment sur les espèces inféodées au bâtiment, c’est-à-dire dont la survie dépend fortement du bâti. De nombreuses espèces sont ainsi en déclin dans le milieu urbain.
A titre d’exemple, « Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs » a analysé les variations de l’abondance relative de certains oiseaux sur une période de 30 ans. Entre 1989 et 2019, on observe que les espèces inféodées au bâtiment ont subi une diminution moyenne de 28%, avec par exemple une diminution de 46% pour le martinet noir.
Pourquoi prendre en compte la biodiversité en amont d’un chantier ?
Pour les entreprises et artisans du bâtiment, la prise en compte de la biodiversité en amont du chantier est un acte gagnant à tous les niveaux :
- Economique : en valorisant vos connaissances sur la biodiversité auprès de vos clients, ce sont des arrêts de chantier et/ou des actions de compensation onéreuses qui sont évités.
- Technique : en anticipant ces enjeux, les solutions de préservation à mettre en œuvre sont le plus souvent simples et de bon sens.
- Environnemental : en protégeant les espèces naturelles présentes, vous préservez aussi les nombreuses ressources naturelles dont le secteur est dépendant.
- Sociétal : en sensibilisant les acteurs du chantier à l’enjeu majeur sociétal qu’est la préservation de la biodiversité, vous agissez en faveur de la biodiversité bien au-delà du simple cadre des travaux.
Quelques définitions à connaître
Espèce protégée
Une espèce animale ou végétale protégée est une espèce sauvage qui fait l'objet de mesures de conservation. Ces mesures visent à réduire le risque de disparition de l’espèce ou à préserver son patrimoine biologique. En France, les espèces protégées sont listées par arrêtés ministériels.
Espèce exotique envahissante
Espèce exogène (qui vient de l’extérieur, d’un autre continent souvent) introduite, par erreur ou volontairement, dans un écosystème et qui peut engendrer des nuisances environnementale, économiques ou de santé humaine.
Il existe en Europe 10 000 espèces exotiques dont 15% sont considérées comme envahissantes (source : Agence Européenne pour l’Environnement). Ces dernières constituent une menace pour environ un tiers des espèces terrestres et contribuent à 60% des extinctions connues à l’échelle mondiale.
Ecosystème
Ensemble d’être vivants qui vivent au sein d’un milieu ou d’un environnement spécifique et qui interagissent entre eux au sein de ce milieu et avec ce milieu (mer, forêt ou même bâtiment).
Services écosystémiques
Contributions que rendent les écosystèmes à la société (exemples : pollinisation des fleurs par les insectes, fourniture de nourriture et d’eau, etc.). Il en existe de 4 types :
- les services d’approvisionnement : nourriture, matériaux…
- les services de régulation : climat, filtration des eaux, recyclage de la matière organique…
- les services culturels : bien-être, activités récréatives…
- les services de support : cycle de l’eau, photosynthèse…
La biodiversité constitue une ressource fondamentale pour la société humaine grâce aux services écosystémiques qu’elle lui rend. Le programme des Nations Unies pour l’Environnement estime que 40 % de l’économie mondiale repose sur les services rendus par la nature.