Le développement de l’habitat intelligent et de la domotique crée un ensemble de fonctionnalités nouvelles qui sont un progrès en termes de confort, de sécurité et de sobriété énergétique. Mais il génère aussi une augmentation importante des réseaux à intégrer dans le bâti (fibre optique, câblage Internet et Ethernet, planchers chauffants, etc.), qui peuvent entrer en contradiction avec la bonne réalisation des ouvrages en béton. Pour les inclure dans leurs projets, les concepteurs ont tendance à exiger des cheminements de réseaux qui mettent régulièrement en difficulté les entreprises de gros œuvre en charge de la réalisation des travaux.
Dans les cas les plus extrêmes, la concentration des gaines telle qu’initialement prévue fait qu’il n’y a plus l’espace nécessaire pour la bonne mise en œuvre du béton. Le risque est alors que le béton d’enrobage ne tienne pas et qu’il faille procéder à une reprise de la dalle, avec des conséquences sur la qualité de la construction et les délais du chantier.
En réponse au nombre croissant de cas concrets qui lui remontent dans ce sens, le syndicat des entreprises générales de France du BTP (EGF.BTP) a décidé de s’emparer du sujet et souhaite désormais que l’intégration des réseaux dans les ouvrages en béton fasse l’objet d’une concertation, en amont du chantier, entre les concepteurs – architectes et maîtres d’œuvre – et les entreprises de construction accompagnées de leurs bureaux d’études. Une telle méthode éviterait que les entreprises se retrouvent parfois face à des impasses techniques au stade du chantier.
Pour les entreprises de gros œuvre, c’est l’application du NF DTU 21 « Exécution des ouvrages en béton » qui doit l’emporter sur toute autre considération. En effet, c’est sur la base de ce texte normatif qu’est établie leur responsabilité contractuelle vis-à-vis du maître d’ouvrage dans le cadre de leur marché de travaux, et que sont définies les règles de l’art qui doivent être respectées. Or, il y a un risque que la multiplication des réseaux rende impossible le respect de certaines dispositions contenues dans le NF DTU, comme les épaisseurs minimales nécessaires à la bonne mise en œuvre du béton et au respect de l’enrobage des armatures, ou encore le maintien d’une distance minimale entre les obstacles, dont les réseaux font partie. Dans ce cas, la solidité des ouvrages pourrait être mise en cause, et les entreprises verraient leur responsabilité engagée.
Il est à noter que ces difficultés concernent principalement le coulage des planchers dans les bâtiments de logements, où le béton doit intégrer l’ensemble des réseaux. Dans le domaine tertiaire, en effet, les solutions de faux planchers et de faux plafonds permettent d’intégrer l’ensemble des réseaux sans conséquence sur la structure porteuse en béton.
Pour une meilleure prise en compte de cette problématique, la commission Service après-vente d’EGF.BTP travaille à l’élaboration d’une fiche de préconisations à l’intention de l’ensemble des concepteurs de bâtiments, architectes, maîtres d’œuvre, bureaux d’études, promoteurs, bailleurs, etc., qui sera aussi un outil précieux pour les équipes chantier des entreprises de construction. Cette fiche aura pour fonction d’alerter l’ensemble des acteurs concernés, et insistera sur la nécessité de prendre en compte cette question en amont, dès la conception des ouvrages. Elle rappellera aussi les règles de l’art et de bonne mise en œuvre préconisées par le NF DTU 21, et pourra, le cas échéant, proposer des solutions techniques alternatives à celles qui sont le plus souvent retenues, par exemple la réalisation de chapes complémentaires non structurelles destinées à l’incorporation des réseaux.
L’habitat intelligent aura alors franchi un obstacle technique essentiel à son développement.