Après la parution en 2013 et 2015 des recommandations RAGE sur les pompes à chaleur (PAC) et les chauffe-eau thermodynamiques (CET), les installateurs disposent maintenant d'un texte global sur ces sujets : la norme NF DTU 65.16, conçue par des adhérents de l'UECF-FFB investis durant cinq ans. Ses trois parties(1) couvrent la conception et la mise en œuvre des systèmes de chauffage des locaux par pompe à chaleur à compresseur électrique de moins de 70 kW, avec ou sans production d'eau chaude sanitaire (ECS). La norme traite aussi des CET individuels sur air ambiant(2). Elle s'applique aux chantiers neufs et de rénovation de bâtiments résidentiels et tertiaires.
Le cahier des clauses techniques détaille le dimensionnement des générateurs. Pour le chauffage, les règles retenues visent à éviter le surdimensionnement, réputé à l'origine de la dégradation du fonctionnement et du rendement à la mi-saison - dans le cas des PAC aérothermiques notamment. Dans le neuf, deux cas de figure sont retenus :
- avec une PAC air-eau « tout ou rien », la puissance installée couvre 70 à 100 % de la déperdition thermique de la construction?;
- avec une PAC air-eau « Inverter » (à variation de puissance), la puissance installée sera de 70 à 100 % de la déperdition si l'inertie est moyenne à très lourde (cf. annexe J du NF DTU 65.16 récemment publié), sinon de 80 à 100 %. Au total, la PAC et son appoint afficheront une puissance d'au moins 120 % des déperditions de l'enveloppe. Ces dispositions permettent de retenir des générateurs moins puissants, d'utiliser l'appoint électrique de façon modérée, et de tirer parti de l'inertie des bâtiments lors du passage au mode réduit de nuit.
Toujours pour améliorer le rendement, la norme introduit l'obligation de disposer d'un volume d'eau suffisant sur la boucle d'eau de chauffage, sinon d'installer un ballon tampon. L'intérêt de cette règle est de limiter les séquences de marche-arrêt à 5 ou 6 par heure, et d'éviter les courts cycles et le givrage qui dégradent le rendement et les compresseurs.
Les PAC air-air sont traitées différemment. Les « Tout ou rien » et « Inverter » sont distinguées entre gainables et multi-splits, à fonctionnement sans appoint, dit monovalent, ou avec, dit bivalent. La puissance doit être d'au moins 120 % des déperditions. À noter qu'inserts ou radiateurs électriques ne sont pas considérés comme des appoints. Plus spécifiquement, le besoin d'eau chaude sanitaire par PAC double service ou CET reste un sujet à définir entre l'installateur et l'usager, en fonction des besoins. Dans le cas des PAC double service, la priorité donnée à la production d'ECS ne doit pas générer d'inconfort pour les occupants grâce à un réchauffage complet du volume d'ECS en 1,5 h, ou en moins de 3 h en cas d'asservissement nocturne. Pour leur part, les PAC implantées sur des installations existantes avec une chaudière en relève ne sont soumises à aucune règle de puissance.
Examiné par les professionnels depuis de nombreuses années, le sujet de l'implantation des PAC et CET est largement détaillé dans la norme. Il est abordé au regard des nuisances sonores (aériennes ou à travers les structures), de la libre circulation de l'air autour des échangeurs, du placement de la prise et du rejet d'air en cas d'implantation intérieure, de l'accessibilité pour l'entretien... Les cas de figure présentés couvrent la majorité des situations.
1
Cahier de clauses techniques types, critères généraux de choix des matériaux et cahier des clauses administratives spéciales type.
2
En revanche, la norme ne s’applique pas aux systèmes hybrides – chaudières et PAC avec régulation propre –, aux systèmes de ventilation double flux thermodynamiques, aux captages pour les PAC eau glycolée-eau, aux corbeilles géothermiques, aux capteurs horizontaux double couche, et aux capteurs verticaux pour les PAC sol-eau ou sol-sol.
Michel Perry, responsable de l’entreprise Poumirau- Pau à Morlaas, (Pyrénées-Atlantiques), participant aux réunions de rédaction du NF DTU 65.16 et adhérent à l’UECF-FFB
« Réaliser des installations efficaces »
« Cette norme NF DTU est le résultat d'un débat long et ardu entre les installateurs et les fabricants. Grâce aux données fournies par le Costic (Comité scientifique et technique des industries climatiques), nous avons pu introduire dans ce texte des règles pour éviter les malfaçons. Il faut citer le calcul du volume d'eau du réseau et du ballon tampon pour éviter les cycles courts, les différentes configurations de pose des CET, l'application, en l'absence de données précises, d'une limite de puissance d'extraction pour les capteurs géothermiques (ex. : 35 W/M pour les sondes verticales). Ce texte offre réellement de nombreuses possibilités aux chauffagistes pour réaliser des installations efficaces et économes en énergie. »